Mon fils deviendra gay???
Je suis une mauvaise mère. Je suis en train de gâcher la vie et l’avenir de mon fils. Je ne fais pas bien les choses. Non, non. Pire, je les fais de travers. Je bafoue carrément les règles. Je fais tout pour que mon fils devienne GAY. (Et à Madagascar, l’homosexualité est sans doute ressenti comme le pire des drames.) Voilà ce dont on me reproche.
« Mais pourquoi ces jouets de filles? Non, non, non, dis-moi que tu ne laisses pas ton fils jouer à la poupée! Quoi? Tu lui as même offert des dinettes? C’est une blague, c’est ça? Attends un peu, il t’aide même pour de vrai à faire la cuisine? Ton bonhomme de 3 ans? Je n’en crois pas mes oreilles. Mais tu es malade, ma parole? Nom de Dieu, je plains ton petit. Je comprendrai qu’il devienne gay. C’est même certain. Il le sera. Et ce sera ta faute. »
Cette histoire me fait rappeler le billet que mon ami René Jackson a écrit: « Dis-moi, ce que tu bois, je te dirai avec qui tu couches. » Dans mon cas ici, ce serait alors: « Dis-moi les jouets que tu donnes à ton gosse, je te dirai ce qu’il deviendra plus tard. »
Si vous êtes parents, vous avez sans doute déjà fait face à des gens plus experts en parentalité que vous. Nos mères, nos tantes, nos sœurs, nos amies, nos collègues, les autres mamans dans la salle d’attente chez le pédiatre, des gens qu’on ne connait même pas ne se gênent pas pour nous dire: « Non, non, non, ça ne va pas du tout là… Attends, attends, voilà comment tu dois faire! »
D’après les réflexions qu’on m’a faites donc, mon choix d’éducation n’est pas adapté pour un garçon. La poupée, les dinettes, la cuisine sont pour les filles. Au fait, je ne leur ai pas dit, mais je réserve aussi à mon fils l’initiation au ménage et à la lessive pour plus tard. Et j’ai mes raisons.
Mon père a perdu son père très jeune. Ayant dû se débrouiller pour s’en sortir dans la vie, il a très tôt quitté le foyer familial. Livré à lui-même, très vite, il a dû apprendre à tout faire: la cuisine, la lessive, le repassage, le marché… N’ayant retenu que l’énorme côté positif de cet expérience, mon père s’est juré que son fils n’aura pas à découvrir ces tâches tout seul, il les apprendra dès son jeune âge à la maison.
Contrairement à beaucoup de familles, durant notre enfance et adolescence, mes parents ont partagé les corvées ménagères équitablement. Il n’y avait pas de tâches pour filles ou pour garçons. A tour de rôle, ma sœur, mon frère et moi devions faire le ménage, le marché, la cuisine, la lessive… Les gens s’étonnent encore parfois de voir mon frère aujourd’hui prendre un fil et une aiguille pour recoudre lui-même ses vêtements déchirés. En tout cas, je suis convaincue que mes parents ont bien fait. Et je tiens à faire pareil avec mes enfants.
Dans un groupe de mamans sur Facebook, plus d’une fois, des femmes se sont plaintes comme quoi tout leur incombe à la maison. Leur mari ne prend part à aucune tâche ménagère ni s’occupe de bébé. Mais pourquoi dites-vous? Je crois que les jouets ont leur part de responsabilité dans ce problème. Dès l’enfance, les filles ont droit à des kits de cuisine, des poupées, du fer à repasser, des kits de nettoyage… Les garçons s’amusent plutôt avec des voitures, des pistolets, des consoles… Une fois adultes, il devient souvent normal pour certains hommes de croire que les corvées sont donc réservées aux filles. Et c’est ce que je veux à tout prix éviter.
Je n’éduque pas mes enfants à devenir homos ou hétéros. Là n’est pas la question. Mon objectif, c’est que mes enfants deviennent des personnes indépendantes. Il se peut que plus tard, pour diverses raisons, mon fils, puisqu’on parle de lui, se retrouvera seul. Au moins, je peux m’assurer qu’il saura faire mieux qu’une omelette, que sa maison ne sera pas un véritable champ de ruine. Et cela commence avec les jouets et l’éducation à la maison.
Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit suivre; Et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas.
* Je n’ai rien contre les homosexuels
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