COP21: L’Afrique se bat-elle suffisamment fort?

Article : COP21: L’Afrique se bat-elle suffisamment fort?
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11 décembre 2015

COP21: L’Afrique se bat-elle suffisamment fort?

Les négociations de la COP21 continuent toujours à Paris. Hier, j’ai fait la rencontre de Marion Richard, Coordinatrice du  Réseau Climat Développement, France et Aissatou Diouf, Chargé de plaidoyer changement climatique, Sénégal. Nous avons discuté ensemble à propos du futur Accord de Paris et de la situation de l’Afrique.

Où sont nos dirigeants? Où sont nos ministres?

Beaucoup s’étonne du grand silence des dirigeants et ministres africains. “On a l’impression qu’ils ne sont pas ici”, dit Aissatou Diouf. Seul l’Afrique du Sud a parlé au nom du G77. “Où sont nos dirigeants? Où sont nos ministres? Il est difficile pour nous de savoir qui va défendre et parler pour notre communauté. Nous voulons qu’ils prennent la parole et qu’ils fassent pression sur la question financière, la technologie, les droits humain et l’égalité des sexes.”, clame-t-elle.

Aissatou Diouf (g) et Marion Richar (d)
Aissatou Diouf (g) et Marion Richard (d)

Les points vitaux pour l’Afrique dans cet accord:

Financement de la lutte contre le changement climatique

L’Afrique et les petits États insulaires se disputent pour être inscrits comme étant les plus vulnérables dans cette fameuse résolution qui tarde à naître. Marion Richard estime que ce n’est pas le plus important. « Si l’Afrique est décrite comme la région la plus vulnérable, mais qu’au final, elle n’obtient pas de financement, alors cela ne signifie absolument rien”.

A partir de 2020, les pays du Nord ont promis 100 milliards de dollars aux pays du Sud pour financer la transition énergétique. Cette somme reste pour le moment au coeur des débats.

Aux dernières nouvelles, un problème réside sur le fait que les pays développés ne veulent plus être les seuls à payer. Dans le texte, ils sont reconnus comme étant historiquement responsables de la pollution et sont donc obligés de fournir le financement de la lutte contre le changement climatique. Mais ils demandent à ce que les pays du BASIC – Brésil, Afrique du sud, Inde, Chine – participent aussi au financement climatique. Or ces derniers ne veulent pas fléchir sur ce point.

1,5 ou 2 degrés?

De plus en plus de pays sont d’accord à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5°C. “Ceci est très important pour l’Afrique et pour la plupart des pays vulnérables parce que 2 degrés c’est déjà trop. Mais une fois de plus, cela ne servirait à rien si l’on ne met pas les moyens pour y parvenir.”, dit Marion. Ces pays devraient définir un objectif à long terme. Par exemple, décarboniser l’économie d’ici 2050 ou utiliser 100% d’énergie renouvelable d’ici 2050. Parce qu’avec les INDC actuels, on court vers un réchauffement climatique de 3°C. “C’est terrible. Ce sera le chaos pour le continent noir.” Il est donc important de réviser ces engagements nationaux.

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Il faut un mécanisme de révision

L’enjeu c’est d’abord avoir tout le monde à bord mais aussi d’avoir un mécanisme d’évaluation et de révision tous les  5 ans.

Comme ça on relève le niveau de l’ambition à la fois sur les questions de réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur les questions de financement”, dit Aissatour Diouf.

Si on essaie d’avoir des compromis et amener tout le monde à accepter les cycles de révision, peut-être qu’on pourrait atteindre les objectifs qu’on s’est fixé avant 2020”, explique-t-elle.

Accord ou pas? Et ensuite?

Aissatou Diouf et Marion Richard sont confiantes qu’il y aura bien un accord demain. La question qui reste est de savoir si il sera suffisamment ambitieux ou pas. Elles en doutent vu l’évolution des choses.

En tout cas, la lutte continue. L’accord de Paris ne résoudra pas les problèmes de changement climatique.

« Paris n’est pas un point d’arrivée, c’est un point de départ. »

« On doit continuer à travailler au niveau de nos pays pour renforcer la mobilisation et la concientisation citoyenne, pour faire en sorte que nos gouvernements soient redevables vis-à-vis de nous et qu’on soit consulté pour les solutions », s’enthousiame Aissatou Diouf. 

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