Lalatiana Rahariniaina

Amberomena, un village malgache figé dans le temps

L’année dernière, pour mon travail, j’ai eu l’opportunité de découvrir un petit village reculé de la commune de Belavabary, Moramanga. Amberomena m’a fasciné d’une certaine manière et je me suis vite attachée à ses villageois.

Amberomena et le fihavanana

Andriamihaja a une fois écrit que le fihavanana* est mort. Moi, j’ai toujours cru que finalement, les belles histoires autour du fihavanana ne sont que des légendes. Ce que je vois au quotidien autour de moi ne fait que confirmer cela. Nous sommes devenus trop individualistes. Tous ? Non, pas tous. À Amberomena, l’entraide est la règle.

Les habitants du village se donnent la main pour construire leur maison. Ils dressent l’ossature en bois et le mur est ensuite fait avec des couches de boue. La toiture est en chaume. Chaque foyer comporte une ou deux petites pièces qui font office de chambre à coucher, cuisine et salon. Très peu ont le sol en ciment.  

Village Amberomena. Photo: Lalah Ariniaina
Village Amberomena – Crédit: Lalah Ariniaina

Lorsque certaines mères de famille doivent partir pour faire leur lessive, par exemple, celles qui restent au village s’occupent de tous les enfants. Ce qui m’a frappé, c’est de voir que même si elles sont loin de rouler sur l’or, elles donnent le peu qu’elles ont. J’ai vu ces femmes partager du manioc à leurs enfants et ceux des autres.

Féminisme ? Qu’est-ce que c’est ?

J’étais choquée lorsqu’on a demandé aux jeunes filles leur ambition dans la vie et qu’elles ont presque toutes répondu: ‘se marier’. Puis, j’ai bien observé le quotidien des villageois et j’ai compris pourquoi. Amberomena est un village organisé à l’ancienne. Les hommes et les femmes ont des rôles bien définis. Les hommes s’occupent des champs; les femmes, du foyer et des enfants.

Une scène d’apparence banale m’a révoltée. Alors que certains hommes se prélassaient, les femmes et les jeunes filles étaient de corvée d’eau. Elles doivent marcher 1,5 km pour atteindre la source. Elles remontent ensuite une pente avec le seau rempli d’eau. J’essaie d’imaginer à quel point ça doit être pénible. Leur seau est lourd. Elles font l’aller-retour 2 à 3 fois par jour. Et comme si ça ne suffisait pas, certaines de ces femmes portent un bébé sur leur dos.

J’ai du mal à accepter qu’une femme soit juste bonne à faire des enfants et s’occuper des tâches ménagères. Mais en regardant ce village de plus près, je me rends compte que leur vie est bien organisée et paisible. Aussi bien les hommes que les femmes semblent être heureux. Alors, je n’avais pas envie de changer leur manière de penser. Moi avec mes droits de la femme du “monde moderne”, je me suis tue. J’ai préféré les laisser vivre leur vie.

Famille Amberomena . Photo: Lalah Ariniaina
Cette famille était très heureuse de me recevoir à déjeuner Crédit: Lalah Ariniaina

Amberomena et la technologie

Je dois admettre que je n’ai pas beaucoup voyagé dans les zones reculées de Madagascar. Alors, en arrivant au petit village d’Amberomena, j’étais étonnée de voir que la seule nouvelle technologie qu’ils connaissent, c’est la radio. Pas de téléphone, pas de télévision, pas d’électricité. Rien. Seul un toit des quelques maisons du village avait un petit panneau solaire pour justement charger la radio. Je suis impressionnée qu’on puisse vivre avec si peu.  

En quittant Amberomena, j’ai appris une bonne leçon de vie.

Je suis ravie d’y retourner cette année. Mon association Go4initiative a organisé une collecte de dons afin de scolariser les enfants d’Amberomena.  

*Le fihavanana est une forme de lien social valorisé dans la culture de Madagascar, s’apparentant à l’entraide et à la solidarité.


Enragée contre l’Etat qui m’a délivré un faux permis ‘biométrique’

Juin 2015, j’apprends par le site du Trésor Public [ils ont enlevé l’annonce depuis] que le public aurait jusqu’au fin mai 2016 pour changer le permis de conduire de 3 feuillets roses en un joli petit permis biométrique moderne. Mes premières réactions : c’est super, on évolue, la loi c’est la loi, je vais le faire. Et je l’ai donc fait.

Ayant changé mon permis lors d’une séance organisée au bureau de mon mari, j’ai eu plus de chance par rapport à mon frère et des milliers d’autres personnes. Eux, ils ont dû faire une longue queue depuis 4h du matin pour pouvoir être reçus à l’ouverture des bureaux du Faritany sis à Ambohidahy. Beaucoup ont dû prendre au moins une journée de congé pour être en règle. Lorsque mon frère est arrivé, on lui a demandé si son dossier était complet. Puis, on lui a proposé de l’aide pour accélérer la procédure… moyennant bien sûr rétribution. Il n’est pas le seul témoin de cette approche corrompue, la mondoblogueuse Rindra l’a été également.

Depuis le début, un manque de sérieux de la part de l’Etat a été noté. Les échéances ont été reculées à plusieurs reprises. A un moment donné, les machines pour imprimer la carte sont tombées en panne. Certains gendarmes n’ont pas été informé du changement et ont paraît-il cru à une mauvaise blague lorsqu’on leur a montré une ‘télécarte’ à la place du permis de conduire.

Bref, j’ai changé mon permis de conduire. Je prends mon téléphone pour voir le QR code. Rien. Ça m’a mis la puce à l’oreille mais je ne m’en suis pas inquiétée plus que ça. Et là, l’Etat confirme que ce permis n’est finalement pas biométrique et n’est pas valide sur le plan international. Il prévoit de le changer de nouveau l’année prochaine. Gratuitement ont-ils dit mais tout de même, comprenez mon indignation.

  • L’Etat m’a volontairement induit en erreur en prétendant que le remplacement de mon ancien permis de conduire, serait une carte BIOMÉTRIQUE.
  • L’Etat s’est rendu coupable d’escroquerie, de faux et usage de faux puisqu’ils ont sciemment produit et distribué des faux documents aux citoyens malgaches.
  • L’Etat a profité de ma conscience citoyenne pour me berner et me faire perdre de l’argent et surtout mon temps INUTILEMENT.
  • L’Etat fuit ses responsabilités dans cette affaire et les autorités en charge du dossier se rejettent les torts: entre les personnes qui ont pris la décision, les exécutants et l’entreprise qui a produit les cartes. Personne n’a pensé à s’excuser… Alors, moi, j’exige des excuses publiques. Et surtout, je réclame des sanctions à l’encontre des responsables.


La fée des dents malgache

– Maman, je la place sous mon oreiller et la petite souris va passer ?

Une dent de mon fils venait de tomber. Et je me suis rendue compte que les histoires occidentales  à travers les livres et dessins animés lui ont fait croire à la fée des dents. Je lui ai dit qu’on fait autrement à Madagascar. 

Je me revoyais dans mon enfance. « Papa, papa ! J’ai encore perdu une dent. » Et toute fière j’allais avec lui lancer ma dent par dessus le toit en criant bien fort : «  Iny nify ratsy, soloy nify tsara » (Voilà une mauvaise dent. Remplacez-la par une bonne).

Maintenant que je veux faire passer cette tradition malgache à mes enfants, je me suis posée des questions. Pourquoi au juste lancer la dent de lait sur le toit ? Que signifie exactement la phrase ? Ou plutôt, à qui s’adresse-t-on en la lançant ?

J’ai demandé à mon père mais lui-même ne sait pas. J’ai fait quelques recherches sur internet mais je n’ai pas trouvé de réponse. Par contre, j’ai trouvé un document intéressant à lire sur « La bouche et les dents dans les coutumes malgaches » par Decary Raymond, un scientifique français, spécialiste de Madagascar.

La meilleure explication que j’ai pu retenir est celle d’un ami. Il parait donc qu’en prononçant ces mots, on s’adresse aux ancêtres.  Cet ami fait appel à Rainiketamanga (le nom de son ancêtre) lorsqu’il lançait sa dent de lait ou même lorsqu’il lui arrive d’avaler une arrête de poisson. «Et ça marche! », a-t-il précisé.

Justement, les ancêtres ont une très grande place dans la croyance des malgaches (même si cette croyance a tendance à disparaitre de nos jours). M.G. Grandidier, un géographe, ethnologue et zoologiste français qui a étudié l’île de Madagascar,  a écrit dans son article « A Madagascar, anciennes croyances et coutumes » :

Capture: A Madagascar, anciennes croyances et coutumes – M. G. Grandidier
Journal de la Société des Africanistes Année 1932 Volume 2 Numéro 2 pp. 153-207

Alors voilà, je me suis contentée d’apprendre à mon fils à lancer sa petite dent sur le toit en disant «  Iny nify ratsy, soloy nify tsara ». Il a été aussi enthousiaste que moi à son âge.  Sa dent a poussé depuis.

Sinon, je vous invite aussi à lire ce billet « La légende de la petite souris et de la fée des dents » qui partage la pratique dans divers pays. D’ailleurs, j’y découvre que les enfants togolais jettent également leurs dents de lait par dessus le toit.


La sécheresse guette Antananarivo

« D’habitude je n’aime pas la pluie. Et c’est la première fois dans ma vie que je prie pour qu’il pleuve, » a avoué une proche.

Effectivement, à Madagascar, nous sommes censés être en pleine saison de pluie mais les précipitations se font très rares. D’ailleurs, l’équipe de la météo a déjà annoncé en octobre dernier (2016) que cette saison de pluie débutera beaucoup plus tard cette année.

Il y a quelques temps, la JIRAMA (entreprise publique fournisseur en eau et électricité à Madagascar) a contrarié des milliers de citoyens malgaches lorsqu’ils ont fait paraître une note dans la presse. Elle explique qu’elle doit procéder au délestage dû à l’insuffisance des eaux des barrages d’Andekaleka, de Mandraka, d’Antelomita et de Sahanivotry. En effet, les centrales hydro-électriques n’arrivent pas à produire assez d’énergie pour alimenter toute la Ville Des Milles. La JIRAMA met cela sur le compte du changement climatique causé par la déforestation et les cultures sur brûlis.

En fait, ce qui a fâché les clients de ce fournisseur, c’est que la JIRAMA ne reconnait jamais sa responsabilité pour ce qu’elle fait subir à ses abonnés. Elle trouve toujours des prétextes. Tantôt c’est l’abondance des eaux qui entraîne le délestage, tantôt c’est son insuffisance. Sinon, c’est le manque de carburant ou la vétusté des matériels et équipements. Du coup, beaucoup ne voulaient plus les entendre. (Et détrompez-vous. Même si je comprends la situation, je n’excuse pas la JIRAMA pour autant. Mais ça, ce sera une autre histoire).

Malheureusement, mon mari et moi – et beaucoup d’autres tananariviens – étions choqués d’avoir vu le fleuve d’Ikopa asséché en passant par Tanjombato ce samedi (14/01/2017). On a été terrifié.

Que se passe-t-il?

Météo Madagascar apporte des explications. Elle confirme que d’un côté, c’est dû à la déforestation et aux cultures sur brûlis pratiquées sur l’île depuis ces quelques années. On sait presque tous ce que cela entraîne mais beaucoup n’en sont pas vraiment conscients. « En absence d’arbres, lorsqu’il pleut, l’eau ne s’infiltre pas dans le sol mais coule. Le niveau de la nappe phréatique diminue et les sources se tarissent. Nous ne devrions pas nous étonner si on peut marcher sur le lit d’Ikopa et que les pierres et sables soient apparents.  »

D’un autre côté, toujours selon Météo Madagascar, beaucoup de zones, surtout urbaines, sont imperméables : les routes goudronnées, les cours recouvertes de ciment… Une fois de plus, l’eau des pluies ne s’infiltre pas dans le sous-sol. « C’est normal s’il n’y a plus assez d’humidité sur la partie Est de Madagascar. »

Que faire?

Et c’est encore les techniciens de la météo qui nous proposent des solutions.
– A court terme : On peut envisager de faire tomber des pluies artificielles si les conditions sont remplies. Cela requiert assez d’humidité donc des nuages. Ensuite, il ne faut pas qu’il y ait beaucoup trop de vent car le vent dissipe les nuages. Enfin, cela demande suffisamment de fonds et de matériaux pour ce faire sans oublier le besoin en ressources humaines compétentes.
Plusieurs personnes ont justement réclamé des pluies artificielles. Comme nous pouvons le constater donc, ce n’est pas aussi simple. Et à l’équipe de la météo d’avouer que « Les pluies artificielles ne pourront pas rattraper le niveau d’eau qu’on aurait dû recueillir depuis toutes ces années de pratique de « tavy » »

– Chaque citoyen urbain est invité à disperser de l’eau pour contribuer à l’humidification de l’atmosphère. « Si, par exemple, 1000 familles versent 10 litres d’eau (eaux usées débarrassées des restes alimentaires…), cela peut faire monter jusqu’à au moins 5 tonnes d’humidité vers l’atmosphère. »

– Je ne peux que soutenir l’appel de la Météo Madagascar:

« Il faut préserver les forêts en arrêtant la coupe des arbres et les feux de brousse. Protégeons-les. Plantons des arbres. Il serait bien de faire appliquer des mesures sévères pour prévoir l’avenir des jeunes et générations futures malgaches »

La sécheresse nous guette. Nous ne pouvons plus dire que le changement climatique ne nous concerne pas. C’est maintenant une question de vie ou de mort.

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Noël et moi, un amour indéfinissable

Avez-vous déjà eu une relation compliquée ? Un jour, vous tombez amoureux. Un autre jour, cette relation vous déçoit et vous déprime. Vous avez envie d’oublier, de haïr mais au final vous n’y arrivez pas. Cette relation vous hante et ne vous lâche pas. Votre tête vous dit de tout arrêter mais c’est le coeur qui l’emporte. Un amour qui vous rend heureux et mélancolique. C’est tout un mélange de sentiments à la fois. Je vis ça avec Noël.

Je suis tombée amoureuse de Noël

Je suis tombée amoureuse de Noël dans ma tendre enfance. Un amour pur. Un amour simple. Un amour joyeux. C’est passé de génération en génération chez ma famille. Ma grand-mère était une grande adepte de la fête de la Nativité. C’était l’évènement de l’année le plus important pour elle. Elle était du genre à collectionner des friandises dans son sac pour les partager à nous, ses petits enfants le 25 décembre. Et malgré son invalidité, elle réussissait toujours à aller aux Pavillons Analakely (marché) pour nous acheter nos robes de princesses. J’adorais grand-mère au coeur d’ange. « Bebe (Grand-mère) Gâteau », on l’appelait, tout simplement parce qu’elle regorgeait de douceur et d’amour.

Dès le début du mois de décembre, on n’avait qu’une hâte: décorer le sapin. En ces temps là, on avait le vrai sapin naturel. C’était beau. C’était magique. Les chants de Noël étaient plus beau encore. C’est doux aux oreilles mais surtout au coeur. Le repas n’était pas ce qui m’emballait le plus. Par contre, pour les cadeaux, on était bien gâté. J’adorais ce temps là. Il n’y avait que du bonheur.

Tout ce bonheur a basculé

Tout ce bonheur a basculé un réveillon de Noël. Cet amour que j’avais pour le 25 décembre est devenu amère. Il m’a volé ma mère. Une semaine auparavant, elle disait encore que Noël était sa fête préférée. Je vous l’ai dit; l’amour pour cette fête est passée de génération en génération. Il était 1h du matin. Ma tendre mère a quitté ce monde bercée par l’écho des cantiques d’une église au loin. Des chants qui m’auraient rendu joyeuse. Mais ce que je ressentais était tout autre. Trahison. Injustice. Colère. Déchirure. Magie de Noël tant ressassée, où était-elle?

Pardon

Noël et moi avons rompu cette nuit là. « Comment pourrai-je encore l’aimer après qu’il ait pris ma mère? », me disais-je. Je me suis trompée. J’ai fini par le pardonner.

Trois ans après le départ de ma mère, je suis devenue maman à mon tour. Je ne pouvais plus garder cette haine envers Noël en moi. Je ressentais cette grande envie de faire passer aussi cet amour pour la fête de la nativité à mes enfants. Et tout en douceur, j’ai réappris à aimer décorer le sapin, préparer le repas, acheter les cadeaux… J’ai fini par adorer de nouveau les bons films de Noël. J’ai réussi par me laisser bercer par les douces et belles cantiques.

Noël et moi, c’est bien une relation compliquée, un amour indéfinissable. J’ai pardonné mais je n’ai pas réussi à oublier. Alors, depuis, je suis partagée entre joie et tristesse à l’approche de cette fête. Pour ma consolation, je me suis dit que la magie de noël était que ma mère soit partie un jour qu’elle adorait. Enfin, c’est ce que j’ai envie de croire.

 


Aidez-nous à sauver notre école

Nous avons lancé une campagne de levée de fonds sur Indiegogo: « S’il vous plait, aidez-nous à sauver notre école ». Plus de 80 enfants ont fort besoin de cette école. Et si nous n’atteignons pas notre objectif, nous courons malheureusement le risque de devoir fermer. Voici notre histoire.

Notre histoire

L’école a été créée par ma mère en 1995. Plus de 1400 élèves sont passés par notre DSC_1141établissement scolaire. Notre mère est décédée en 2008 et ma sœur et moi avons assuré la relève.

Après avoir loué pendant 18 ans, le propriétaire nous a demandé de quitter les lieux en 2013. Par chance, nous avons trouvé un autre local à louer tout près. Malheureusement, on nous demande à nouveau de partir à la fin de cette année scolaire. Depuis, nous avons cherché un endroit à louer sans succès. Par contre, nous avons trouvé le terrain idéal pour l’école qui se trouve également dans le même quartier. Le problème, c’est que nous n’avons pas les moyens de l’acheter.

Nous ne sommes pas une grande entreprise, et nous n’avons pas beaucoup de fonds. Ensemble, avec vous, nous voulons changer les choses. Et c’est pour cela qu’on a décidé de lancer cette campagne de financement participatif. Il y a un proverbe malgache qui dit: « Ny erikerika maha tondra-drano » (« Les petits ruisseaux font les grandes rivières.« ). Nous y croyons grâce à vous.

Pourquoi est-ce si important?

Ma mère disait toujours: « Éduquer c’est comme bâtir une maison. Il faut s’assurer que les fondements soient forts pour que les murs des différentes étages le soient aussi« . C’est la devise de notre école. Plus de 80 élèves sont inscrits à notre établissement scolaire. Ils ont besoin de nous.

Nous sommes conscients que notre tâche est loin d’être facile mais nous aimons ce que nous faisons. Participer à la construction de l’avenir de ces enfants est pour nous une fierté.

Cette école est l’héritage le plus significatif que notre mère a laissé pour nous et pour notre communauté. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras et d’abandonner son rêve et sa passion.

Qu’est-ce que vous pouvez faire?

Il ne nous reste plus que vingt jours avant la fin de notre campagne de financement participatif (le 18 septembre 2016) sur Indiegogo. Vous pouvez encore nous soutenir en passant le mot à votre entourage et en faisant une petite donation. Nous comptons sur vous.

Lien de notre campagne: https://www.indiegogo.com/projects/please-help-us-save-our-school-education/

 


A 8 ans, on a volé son enfance

J’ai fait la rencontre d’une fillette plutôt maigre, à peine plus haute que … bref, elle est petite pour son âge. On va l’appeler Méline. Elle a 12 ans. Cette fille ne fréquente plus l’école. Elle vit loin de ses parents et de ses frères et soeurs.  Elle vient de la campagne et habite chez des inconnus. Elle n’est pas là pour des vacances. Méline y travaille en tant que domestique.

« J’ai commencé à l’âge de 8 ans » , dit-elle. Ses parents sont des paysans qui n’arrivent pas à s’en sortir financièrement. « Alors, j’ai décidé de les aider en devenant une bonne. »

8 ans? A cette âge, je vivais pleinement mon enfance même si mes parents ne roulaient pas sur l’or. J’étais en classe de CM. Et je passais beaucoup de temps à jouer comme tous les autres enfants de 8 ans. Enfin, pas tous. « Avec mes précédents employeurs, je n’avais absolument pas le temps de jouer » , raconte Méline.

Elle fait tout ce qui est tâche ménagère: le nettoyage, la cuisine, la lessive, le repassage, etc. « Je m’occupe aussi des enfants de mes patrons. J’aime bien m’occuper d’enfants » , me confie-t-elle.

Pour ce travail, cette pauvre petite gagne 25 000Ariary (à peu près 8 Euros) par mois. Une somme de misère qu’elle ne touche même pas puisque tout l’argent est directement récupéré par sa mère. Méline est la cadette d’une fratrie de 8 enfants. Certains sont mariés. Les autres sont des domestiques comme elle.

Je suis vraiment peinée par l’histoire de Méline. Et malheureusement, c’est loin d’être un cas isolé. Selon une enquête nationale sur le travail des enfants (ENTE) en 2007,  90 000 malgaches âgés de 5 à 17 ans sont impliqués dans le travail domestique. Leurs histoires se ressemblent presque toutes. Ces enfants proviennent de familles vulnérables. Ils quittent leur vie misérable de la zone rurale pour aller travailler dans de dures conditions – dignes d’esclavage – en ville.

« Je suis triste que je sois obligée d’être la servante de quelqu’un. J’aurai aimé pouvoir continuer à aller à l’école » , se désole Méline. Elle a arrêté à la classe de T3 (Cours élémentaire).

 

 


Simulacre de mariage pour séparer les jumeaux frère et soeur

Je vous ai déjà parlé du sort des jumeaux de Mananjary.  Les bébés jumeaux sont considérés comme source de malédiction. Autrefois, on les mettait à mort. De nos jours, d’après ce que j’ai entendu dire, ils sont abandonnés par leur famille et finissent dans des centres d’accueil ou dans des familles d’adoption.

Aujourd’hui, je vais parler d’une autre tradition malgache concernant les jumeaux, plus précisément les jumeaux de deux sexes. Selon la culture malgache, le frère et la sœur sont des êtres « mpifady » (personnes tabous). Ils ne doivent pas se voir nus l’un l’autre. Ils ne peuvent pas se marier. En partageant le ventre de leur mère, le frère et la sœur ont pourtant malgré eux transgressé l’interdit. Et toujours selon les croyances, ils risquent de tomber amoureux entre eux plus tard en ayant justement été réunis dans le même utérus.

Dans la tradition malgache, lorsqu’il y a violation de « fady » (tabous), il faut conjurer le mauvais sort qui s’en suivrait. Pour le cas des jumeaux garçon et fille, la pratique veut qu’on rompe le ‘lien marital’ qu’il y a entre eux deux grâce à un simulacre de mariage. Voici des témoignages.

Vola: « Lorsque l’enfant est capable de marcher et courir tout seul, on construit une maisonnette en chaume où on place les jumeaux. On met le feu à cette cabane [ouverte] et les bébés se débrouilleront pour s’en sortir. »

Mi: « Je suis née avec un frère jumeau. Nos parents ont respecté cette tradition. Ils nous ont raconté que mon frère et moi sommes sortis de la cabane en feu à quatre-pattes. Je n’en ai aucun souvenir parce qu’on avait moins d’un an. Les adultes qui ont assisté à la cérémonie ont, parait-il, déclaré que désormais on n’était plus mari et femme mais frère et sœur. » 

Andria: « On a fait pareil avec mes aînés frère et sœur jumeaux. On leur a fabriqué une maison en carton et on y a mis le feu. Et il y avait même une fête. Maintenant, on ne dirait pas des jumeaux. C’est plutôt mon frère et moi qui sommes proches. »

La rupture du sort s’explique par le fait que les deux frère et sœur sauvent chacun leur vie sans se soucier de l’autre. Cela signifie qu’ils prennent chacun leur route dans la vie.

Faut-il garder ces croyances? Doit-on encore suivre la tradition? Certains parents ont témoigné qu’ils ne l’ont pas fait et que leurs enfants se portent à merveille. Beaucoup d’autres préfèrent ne pas mettre la vie de leurs enfants en danger. Néanmoins, il y a ceux qui veulent respecter les coutumes pour ne pas hériter des mauvais sorts.

Dans un article précédant, dans lequel j’ai parlé des interdits pendant la grossesse, j’ai avoué ne pas trop croire en ces superstitions. Je respecte toutefois ma culture et ma tradition où nos Ntaolo (ancêtres) sont réputés pour être dotés de sagesse. Le fait de parler aujourd’hui de cette histoire dans mon blog est ma contribution pour mettre à l’écrit le maximum d’us et coutumes malgaches. J’avoue n’avoir jamais entendu auparavant de cette tradition concernant les jumeaux frère et sœur. Une intéressante tradition que j’ai découverte par hasard sur les réseaux sociaux.

 

 


Oh, petit peuple malgache, personne ne te protègera

Je suis totalement indignée par les récents évènements malheureux qui se sont produits à Madagascar. Il y a plus d’insécurité que jamais. Et les gens d’en haut au pouvoir ne semblent pas s’en soucier sérieusement.

26 juin vers 19h15, panique sur les réseaux sociaux. Les publications parlent d’un attentat à la grenade à Mahamasina lors d’un spectacle offert pour la célébration de la fête de l’indépendance malgache. Selon l’Express de Madagascar, 2 personnes sont décédées et plus d’une cinquantaine de personnes sont blessées.

26 juinUn internaute revendique la démission de Mr Florens Rakotomahanina, responsable de la Circonscription interrégionale de la gendarmerie nationale (CIRGN) pour la région Analamanga. « Vous ne protégez pas le peuple, vous protégez les dirigeants et les politiciens » , dit cet internaute. Il a rapporté que, ce matin, les fouilles sur ceux qui ont assisté à la traditionnelle parade militaire ont été très minutieuses et sévères parce que le Président de la République était présent. Ce ne fut pas le cas lors du spectacle de l’après-midi parce qu’il n’y avait que des simples citoyens.

21 juin, environ 70 dahalo (bandits) ont attaqué un taxi-brousse dans le district de Beroroha où une trentaine de personnes ont péri. L’État a mobilisé 50 éléments de la gendarmerie et de l’armée pour sécuriser cette zone et retrouver la trace des criminels. 50 éléments ? Et combien de milliers ont participé au défilé militaire de ce matin [26 juin 2016] ? Est-ce bien plus important alors ?

12 juin, à la sortie d’une spectacle gratuite organisée par BIP, nouvel opérateur en téléphonie mobile à Madagascar, des spectateurs ivres ont saccagé sans état d’âme la voiture d’un particulier qui a juste eu le malheur de klaxonner ces individus pour demander son passage. A la suite de cet évènement, mon mari et moi, conscients que notre sécurité était en jeu, avions décidé de ne pas participer à la tradition annuelle d’emmener les enfants regarder les feux d’artifices du 25 juin. Nous nous doutions bien qu’un tel évènement se produise à nouveau.

En entendant les nouvelles de ce soir sur l’attentat à Mahamasina. On s’est dit qu’on a décidément bien fait. C’était notre façon à nous de nous protéger.

Oh, petit peuple malgache, personne ne te protègera. Tu ne peux compter que sur toi-même. Nos chers dirigeants sont occupés ailleurs. Les discours ne sont même pas rassurants. Nos forces de l’ordre semblent mieux maitriser la parade militaire que notre sécurité.

Pour ceux qui ont perdu leur vie à cause de l'insécurité - Image de Wake Up Madagascar
Pour ceux qui ont perdu leur vie à cause de l’insécurité – Image de Wake Up Madagascar

 


Mémoire d’enfance : notre radio imaginaire

Je me souviens que mon tout premier billet parlait de mes jeux d’enfance. Mais je ne vous ai pas tout dit. Un bon souvenir m’est revenu et j’ai pensé que ce serait bien de le partager aussi. Alors, voila. Ma sœur et moi avions notre propre chaîne radio. Et attention, elle avait même un nom : Radio Zig Zag. Ne me demandez pas pourquoi, parce que je ne connais pas la réponse.

L’animation de cette radio était un de nos jeux favoris et cela nous occupait bien pendant tout un superbe après-midi. Comme dans toute émission radio, le jeu comportait deux phases. D’abord, on préparait nos émissions – et avec un grand sérieux bien entendu. Ensuite, on passait à la présentation de ces émissions.

La Radio Zig Zag avait quatre émissions. Pour le hit parade, on devait lister, classer les top 10 de nos chansons favorites et choisir celles qu’on allait ‘diffuser’. Pour cela, il nous fallait compiler une cassette – et oui, c’était bien à l’époque des radio-cassette -, ou avoir les chansons prêtes sur différentes cassettes. Ensuite, nous avions l’émission spéciale dédicaces. Et vous le devinez sans doute, on inventait une petite dizaine ou vingtaine de dédicaces et de chansons à demander. Après, nous avions le journal infos où nous découpions les news à présenter à partir des papiers journaux. Et enfin, il y avait le « Tantara » , pièce radiophonique unique et en free style.

Pour présenter nos émissions, ma sœur et moi, nous nous mettions près de notre poste radio-cassette. Et souvent, à tour de rôle, on utilisait l’antenne pour micro. « Et sans surprise, à la première place cette semaine, What is love de Haddaway. Bonne écoute! » Puis on appuyait sur le bouton Play et on appréciait la musique où au beau milieu on n’oubliait pas de dire à voix basse « Radio Zig Zag » . « Et maintenant, un message de la part de Ony. Je dédie la chanson ‘All that she wants’ à tous mes amis de la classe 3ème de l’école Hasina » …

Comme c’était bien ce jeu! On devait avoir 12-13 ans à l’époque. Ah! J’aurai absolument voulu avoir un enregistrement de nos émissions. Dites, combien parmi vous faisaient pareil ?


Pas de Père Noël pour mes enfants

Rassurez-vous les amis, comme tous les ans, nous comptons bien célébrer Noël et nous gaver de tonnes de bonnes choses.

La période de Noël fait toujours référence à un personnage aussi mythique que sympathique, oui on y est tous, je veux parler de ce bon vieux bonhomme de Père Noël. Beaucoup de parents jouent le jeu à fond pour faire croire aux gosses qu’il vient à minuit déposer les cadeaux des enfants sages sous le sapin. Je respecte cette croyance. Et je sais que de nombreuses personnes ne seront pas d’accord avec moi. En effet, j’ai décidé que mes enfants ne croiront pas au Père Noël. Voici mes raisons.

Premièrement, ma sœur et moi avions su depuis toujours que le père noël avait été inventé de toutes pièces. Mes parents ont décidé de nous dire la vérité. Et tous nos noëls se sont bien passés et j’avoue même que ça reste ma fête préférée. Or, je ne sais pas pourquoi, mes parents ont fait autrement avec mon petit frère.

Une petite anecdote : Quelques jours avant noël, comme chaque année, mon frère écrit donc au cher Papa Noël pour lui faire savoir le cadeau qu’il aimerait recevoir. Notre père était chargé de poster la lettre. Le matin de noël arrive. Mon frère a hâte d’ouvrir son cadeau. « Mais ce n’est pas ce que j’ai demandé ! », s’exclama-t-il avec déception. Et voilà que mon père sort une excuse bidon comme quoi mon frère a écrit trop tard et que le Père Noël a dû improviser.

Bien plus tard, mon frère revenait de l’école choqué. Il s’est disputé avec des enfants (plus jeunes) qui lui ont dit que le Père Noël n’existait pas. Il m’a supplié de lui dire la vérité. Je n’avais plus le choix. J’ai donc confirmé les dire de ses camarades. Il a fondu en larmes. Il était tellement déçu et fâché en même temps contre mes parents. J’ai eu beau lui expliquer que mes parents étaient munis de bonnes intentions. Mon frère s’est tout simplement senti ridicule d’y avoir cru pendant toutes ces années. Et il se demandait même si les parents ne lui auraient pas aussi menti sur bien d’autres choses. Il était comme perdu. Témoin de sa réaction, je me suis jurée de ne pas faire vivre ça à mes gosses.

Deuxièmement, il arrive que tu te retrouves sans le sou et que ça tombe le jour de noël. C’est l’histoire d’une amie. Le matin de noël, son petit frère était tout excité et courait voir son cadeau sur ses souliers près de la cheminée. Mais les souliers étaient restés vides. Le pauvre petit les a pris pour les re-nettoyer. « Maman, je n’ai peut-être pas bien poli mes chaussures. Je vais le faire tout de suite et le Père Noël viendra sûrement plus tard. Je mérite un cadeau. J’ai été très sage cette année. » La mère fondit en larmes en entendant son fils. Que faire? Les parents n’avaient pas d’argent.

Troisièmement, vendredi, je suis allée faire des courses dans un supermarché. Je suis allée jeter un œil dans les rayons jouets pour avoir une idée sur les cadeaux des enfants et les prix. J’y ai rencontré des parents avec une liste. « Non, je ne suis pas très sûre que c’est-ce qu’elle a commandé« , disait la dame. « Oh mon Dieu! Tu as vu le prix? On ne peut pas se le permettre!« , disait un autre parent. Moi, je me sentais plutôt tranquille.

Mes gosses savent que les cadeaux sont des surprises. Bien sûr, ils ont le droit d’exprimer leur souhait. Et ils n’ont même pas besoin d’attendre Noël ou leur anniversaire pour cela. Mais ils savent très bien que c’est papa et maman qui choisissent le cadeau. Et jusque là, ils n’ont jamais été déçu. Je suis convaincue que c’est parce qu’ils ne s’attendent pas à une chose en particulier. Ils adorent même cette idée de les surprendre.

Revenons au Père Noël. J’ai expliqué à mes enfants que c’est une histoire comme dans leurs livres, dessins animés et films. On adore les histoires et surtout les belles histoires de noël. On me reproche de gâcher le rêve des enfants. Mais justement, les livres, les dessins animés et les films ne sont-ils pas censés nous emporter dans ce monde de rêve?

Les parents comme moi bousillent également la Magie de noël, dit-on. Pour moi, la magie de noël est loin d’être fictive, elle opère dans cette joie d’être en famille, de s’échanger des présents, la joie de célébrer la naissance du Petit Jésus.

En tout cas, Père Noël ou pas, excellentes fêtes à tous!


Interview: COP21, plutôt positive pour Madagascar

Interview de Mr Ralava BEBOARIMISA, Ministre de de l’Environnement, de l’Écologie, de la Mer et des Forêts de Madagascar sur la COP21

Qu’est-ce que vous pensez de ce projet d’accord?

Ce projet d’accord est positif pour nous parce que, comme annoncé ce matin, on va aller jusqu’à 1,5 degré. Et c’est une bonne nouvelle pour Madagascar. Pour un petit état insulaire comme Madagascar, c’est extrêmement important parce que la montée des eaux de l’océan peut être néfaste pour les îles ou îlots comme notre pays.

L’engagement de 100 milliards USD plancher jusqu’à 2020 est également une bonne nouvelle. Et au delà de 2025, il y aura une augmentation de cette contribution. C’est un point important aussi.

Mr Ralava BEBOARIMISA, Ministre de de l'Environnement, de l'Écologie, de la Mer et des Forêts de Madagascar
Mr Ralava BEBOARIMISA, Ministre de de l’Environnement, de l’Écologie, de la Mer et des Forêts de Madagascar

Vous êtes satisfait de ce texte?

Le texte en soit n’est pas encore sorti donc on a le temps cet après-midi pour avoir le texte complet pour trouver les accords qui y sont. Nous, on insiste beaucoup sur l’aspect adaptation pour un pays vulnérable comme Madagascar. Donc on attend de cet accord qu’il y ait un volet adaptation qui soit considérable.

Peut-on donc espérer qu’il y aura des projets sur la lutte contre le changement climatique a Madagascar?

Ce qu’on attend pour le moment, c’est la sortie du texte cet après-midi. Ils ont parlé de justice climatique. C’est à dire les pays développés qui polluent et qui sont responsables du changement climatique dans des pays comme Madagascar sont d’accord pour faire de gros efforts pour nous aider à faire face à la lutte contre le changement climatique.

Quels sont les intérêts pour Madagascar d’avoir signé le contrat de vente de crédit carbone? 

Ce contrat a été fait à Bruxelles le mois dernier. Dans ce contrat, il y a des projets avec la Banque Mondiale qui va financer des projets ayant pour objectif la séquestration de carbone. Il y a plusieurs communes et régions dans ce projet avec un objectif de 10 milles tonnes de carbones séquestrées. Si le prix du carbone est actuellement de 5 à 9 USD, on pourra avoir du financement grâce à la vente de crédit carbone qui sera de l’ordre de 50 à 90 millions USD.

12 pays ont soumis leur candidature pour ce projet, 8 ont été sélectionnés dont Madagascar. Ce contrat est pour la lutte contre le changement climatique et la reforestation. Ce qui est très important également, ce sont les projets pour les communautés de base. Nous le savons très bien, ce n’est pas la première fois que Madagascar vend du crédit carbone. On en a déjà vendu à WCS, à Conservation International. La moitié de la somme reçue sera allouée aux projets de développement des communautés de base.

Pour résumer, pour l’instant est-ce que vous êtes satisfait de cette COP?

C’est plutôt positif. Je suis plutôt satisfait même si c’est un accouchement difficile.