Lalatiana Rahariniaina

#BAD2010 : « Chercher de l’eau à la fontaine » #Madagascar

Hier, c’était le « Blog Action Day » où des milliers de blogueurs dans le monde entier ont parlé d’un sujet en particulier. Pour cette année le thème est l’EAU. Je suis vraiment désolée pour ce petit retard de publication dû à un petit problème de connexion au site Mondoblog. Je suis ravie que le site fonctionne à nouveau.

Dans mon pays, beaucoup de familles n’ont pas d’eau à la maison. Elles doivent alors soit construire un puit, soit aller chercher de l’eau à la fontaine. Dans les petits villages des campagnes, les gens vont chercher de l’eau à une source ou à la rivière. Aujourd’hui, je vais parler de la fontaine.

Dans chaque Fokontany (village), il y a 2 ou 3 bornes fontaines. La borne fontaine est ouverte de 6 heures à midi et de 14 heures à 18 heures tous les jours. Il faudra donc se rappeler de ces heures d’ouverture pour ne pas se retrouver sans eau à la maison. Une personne a été engagée par le Chef du Fokontany pour être responsable de la fontaine. Avant les gens pouvaient venir chercher de l’eau à l’heure qu’ils voulaient et n’avaient pas besoin de payer pour ça. Depuis quelques années, le Chef du Fokontany a décidé d’engager une personne qui est en charge des surveillances des pompes et du collecte des prix de l’eau. Cette décision a été prise parce qu’auparavant, les gens en profitaient pour se laver ou faire leur lessive à la fontaine malgré les interdictions. Il y a aussi ceux qui ont omis de refermer le robinet après avoir rempli leur seau. L’eau alors inondait les alentours. C’était aussi une perte considérable pour la JIRAMA (la société de distribution d’eau et d’électricité). Le responsable de la fontaine est donc là pour surveiller le bon fonctionnement des pompes. Comme ce responsable ne va pas faire ce travail à titre gratuit, l’eau à la fontaine est donc actuellement payante. Un seau d’eau coûte dix Ariary (MGA10) la première semaine du mois mais reste gratuit pendant les trois autres semaines.

Il y a certaines familles, qui faute de temps ou par honte, ne viennent pas elles-même chercher de l’eau à la fontaine. Elles engagent d’autres personnes à leur place. La plupart du temps, les jeunes filles s’adonnent à cette tache pour soixante Ariary (MGA60) le seau. En moyenne, une famille a besoin de 10 à 15 seaux d’eau par jour. Liva, par exemple (Cf photo) cherche de l’eau pour 3 familles tous les jours. C’est un travail assez pénible parce qu’il requiert des efforts physiques mais au moins elle peut ramener de quoi manger à la maison. A part ça, elle travaille aussi comme lessiveuse.

(Cliquez sur les photos pour les voir en taille plus grande)


Mes jeux d’enfance

Un jour, ‘quand nous étions enfants’ était notre sujet de discussion au déjeuner à mon ancien travail. Et là, on a commencé à parler de bêtises, de notes à l’école… Très vite la discussion tournait autour des jeux de notre enfance. Des fous rires se sont éclatés lorsqu’on se souvenait combien nos mères étaient en colère parce qu’on rentrait toujours sales. Et oui, on jouait dans la poussière et la boue.

Je me souviens, une fois, mon père voulait cacher mes cailloux car les examens approchèrent. Attention, ces cailloux étaient mes ‘petits trésors’. J’ai mis un temps fou à les ramasser dans la rue. Je prenais un morceau de craie ou, à défaut, un morceau de charbon. Avec, je traçais des maisons par terre. Je plaçais ensuite les cailloux qui chacun représentait un personnage dans l’histoire que j’inventais: les parents et ses deux enfants dans une maison, d’autres familles dans d’autres maisons. Je parlai pour chaque personnage en frottant un caillou contre un autre. Je m’étonne aujourd’hui combien j’ai pu adorer ce jeu et comment j’ai été aussi inspirée. J’invitais parfois ma mère à écouter ‘mes histoires’. Je me demande si elle les a quand même appréciées ou si c’était juste pour me faire plaisir. Finalement, après une semaine de confiscation, à cause de mon air aussi triste, mon père a décidé de rendre mes petits cailloux chéris.

Ma sœur et moi étions amis avec les enfants de nos voisins. Ensemble, nous jouions au chat et à la souris, à cache-cache et le plus souvent, à la dînette. Notre père a récupéré d’anciens pots de lait concentré pour nous servir de marmites, avec d’autres pots plus grands, il nous a fabriqué des réchauds à charbon comme celui qu’on avait à la maison. Que pensiez-vous qu’on cuisait ? ou plutôt qu’on faisait semblant de cuire ? De la boue comme riz, des herbes comme brèdes, des fleurs comme fruits. On prenait des feuilles d’arbres pour servir d’assiettes et des petits bouts de bois pour cuillères. « Clanc… clanc … » faisaient nos langues pour faire semblant d’apprécier le repas.

Aaah, je soupire en repensant à ces bons moments de mon enfance. Issues d’une famille pauvre, nous n’avions pas les moyens d’acheter des jouets. Avec notre père, on les a tous fabriqués: les poupées en tissu, les cerfs-volants en papier…  Ce qui nous a le plus différencié, je pense, était notre imagination débordante qui, hélas, avec la haute technologie, n’est plus vraiment d’actualité. Au moins, les enfants d’aujourd’hui ne rentrent plus sales comme on l’était autrefois.