Madagascar: Le shopping se passe sur Facebook
Depuis mi-2012, j’ai remarqué l’arrivée d’une activité grandissante à Madagascar, surtout dans la capitale: la vente sur Facebook.
J’ai fait une petite recherche sur Facebook en tapant les mots suivants : shop, fashion, mode, tendance, chic, mora (bas prix), friperie, etc. J’ai pu relever 175 boutiques : 144 sont dans l’habillement et accessoires (dont 30% vendent des friperies) ; le reste se partage entre téléphonies mobiles, matériels informatiques, boissons alcooliques, ustensiles de cuisine… Je suis sûre qu’il y a encore bien d’autres comptes que je n’ai pas pu répertorier.
Une vendeuse en ligne nous fait part de ses expériences
Pour Sabrina Houssen, vendre sur Facebook est une activité secondaire.
« Au début je commençais par vendre des articles de friperie. Au fur et à mesure, j’ai travaillé avec des fournisseurs de l’extérieur et de là a commencé notre penchant pour la vente d’articles de marque neufs dans tous les domaines : habillements, accessoires, parfumeries, articles ménager… bref tout ce qui concerne la femme », raconte-t-elle.
Au fait, comment se déroule la vente en ligne ?
Dans d’autres pays, on ajoute le produit au panier, on paie par carte, on entre son adresse et on attend la livraison. Ici à Madagascar, seuls très peu de magasins en ligne ont ce système et le paiement se fait par Mobile Payment.
Le vendeur publie la photo de leurs produits sur Facebook. Les clients confirment leur désir d’achat en mettant « je prends » ou « j’achète » en commentaire ou en message privé. Ensuite, le vendeur et l’acheteur se conviennent d’une date et d’un endroit, souvent en centre-ville, pour la livraison.
Les avantages de la vente sur Facebook :
Ce système a été conçu pour aider les personnes qui n’ont pas le temps de faire le tour des centres commerciaux pour des raisons diverses : travail, études, etc. « Je n’ai pas besoin de me déplacer vu que je n’ai pas trop de temps pour faire les magasins et aller au marché. Ça me facilite nettement la vie », confirme Maman’i Maya, une shoppeuse en ligne.
« C’est un vrai gain de temps et une tranquillité d’achat pour ceux ou celles qui n’apprécient pas trop la foule et le bruit », ajoute Sabrina Houssen.
« Pour une personne comme moi qui n’est pas trop fan de shopping, c’est le meilleur moyen d’acheter des choses et de se faire commander des produits à l’étranger », confie Fandza Aina.
Ce que j’ai apprécié aussi, c’est le fait de pouvoir dénicher des produits qu’on ne trouve pas forcément dans les magasins. J’ai, par exemple, acheté un Nicer Dicer Plus (découpe tous légumes). Sur Facebook, j’ai également déniché quelques vendeurs qui proposent des vêtements de grande taille.
Justement, j’ai une petite anecdote à ce sujet. Un jour, voulant acheter un jean slim, je suis entrée dans un magasin et ai demandé du 42 ou du 44. Devinez à quelle réponse ai-je eu droit ? « Ces tailles là, jamais on n’en vendra, jamais ! « . Imaginez le ton froid avec lequel la vendeuse a dit ça. Du coup, ces sites de vente ligne m’ont tout simplement ravie.
Les problèmes de ce nouveau système :
Le problème des vendeurs réside surtout dans les clients poseurs de lapins. Sabrina Houssen a aussi mentionné l’histoire d’une jeune femme qui s’est faite agressée en faisant une livraison. Les vendeuses se sont fait passer le message. Certaines ont décidé de ne plus livrer les marchandises, d’autres ne le feront que dans des lieux publics.
Du côté des acheteurs, certains produits vendus en ligne doublent de prix comparés à ceux en magasins. Maman’i Maya en a fait la remarque.
« La vente de vêtements/chaussures/accessoires envahissent Facebook; cela devient un peu irritant quand même », dit Fandza Aina.
Ce qui énerve les gens ce sont surtout les photos des produits où ils sont tagués (identifiés) par les vendeurs, sans qu’ils ne soient au courant. J’ai trouvé une petite astuce pour remédier à cela : dans les paramètres du journal, il suffit de cocher « oui » à « Examiner les publications dans lesquelles vos amis vous identifient avant qu’elles n’apparaissent sur votre journal ».
Est-ce que ce business marche ?
L’affaire semble plutôt marcher pour Sabrina. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Tandis qu’il y a certains comptes qui atteignent plus de 2.000 amis, d’autres n’en ont qu’une petite dizaine. Beaucoup n’ont même pas survécu plus de deux mois. Erreur de calcul au départ, peut-être ?
Il faut dire que c’est plus ou moins facile de se lancer dans ce business. On ouvre un compte. (Normalement, on devrait créer des pages suivant les conditions d’utilisation de Facebook: « Inscription et sécurité des comptes » Art.4). On achète des produits. On les revend. Il n’est même pas nécessaire d’avoir un magasin puisque les marchandises sont livrées. Et il n’y a pas de formalités à suivre, pas d’impôts à payer (pour le moment).
Même s’il y a déjà pas mal d’acheteurs, il y a ceux qui, comme McDago Diana, n’y ont pas encore trouvé leur intérêt et ceux qui préfèrent aller en magasin. « Je dois regarder, toucher, essayer les choses avant de me décider à acheter ou pas », explique Faniry Baholy.
Allez, que vous adoptiez cette nouvelle mode ou que vous préfériez le faire à l’ancienne, je vous souhaite un BON SHOPPING!
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