Afrique : l’agriculture innove, le climat s’améliore

Article : Afrique : l’agriculture innove, le climat s’améliore
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9 juillet 2015

Afrique : l’agriculture innove, le climat s’améliore

L’agriculture est un des secteurs les plus directement touchés par le changement climatique. Victime de ce fléau planétaire, elle est affectée par la hausse de température et la baisse des précipitations. En même temps, nul ne peut nier que l’agriculture, voire la production agricole à rendement massif, fait aussi partie des causes du changement climatique. En effet, la culture sur brûlis, l’utilisation de pesticides d’engrais inorganiques, entre autres, sont autant de sources d’émission de gaz à effet de serre (GES).

Photo: Sophie Mbugua. Avec permission
Machakos Kenya – Crédit Photo: Sophie Mbugua. Avec permission

Des recherches scientifiques ont été menées tant sur les impacts du changement climatique à l’agriculture que sur les solutions possibles. Je me suis intéressée beaucoup plus au cas de l’Afrique et surtout de Madagascar.

A Taita Hills (Nairobi, Kenya), par exemple, les chercheurs et agriculteurs ont confirmé la prolifération des insectes nuisibles à cause de la hausse de température ainsi qu’à la baisse de la production due justement à ces foreurs de tige mais aussi au manque de pluie.

Narindra Rakotovao, étudiante en 3e année de thèse, Laboratoire des RadioIsotopes à l’Université d’Antananarivo, a mené des études sur les Hautes Terres (Itasy) et dans la région Est (Analanjirofo) de Madagascar. Les champs de riz sont les causes principales de GES surtout dans la zone Est où les agriculteurs cultivent deux fois  par an du riz.

Arusha Tanzania - Crédit Photo: Sophie Mbugua. Avec permission
Arusha Tanzania – Crédit Photo: Sophie Mbugua. Avec permission

« Pour atténuer le changement climatique, il faut réduire les émissions de GES dans l’atmosphère« , explique Olufemi Emmanuel Ayanfeoluwa, chercheur nigérien spécialiste en engrais organique.

Au Nigeria, Olufemi Emmanuel Ayanfeoluwa (que j’ai eu le plaisir de rencontrer ici à la conférence Our Common Future Under Climate Change) propose le compost accéléré. Il a, en effet, mené des recherches sur une nouvelle technologie de compostage qui mûrit plus rapidement en 21 jours (au lieu de 3 mois pour le composte normal). L’utilisation de ce compost sera bénéfique pour les agriculteurs en terme de production. Aussi, ce type de composte est idéal pour l’environnement puisqu’une grande partie du carbone sera séquestré dans le sol et non émis dans l’atmosphère.

Les recherches de Edward Yeboah, chercheur ghanéen, l’amènent à proposer le biochar, du charbon à usage agricole. C’est un produit organique très riche en carbone, issu de résidus agricoles renouvelables. Le biochar améliore la fertilité des sols. Aussi, le carbone dans le biochar est stable dans le sol, absorbant ainsi du carbone de l’atmosphère.

A Madagascar, Narindra Rakotovao s’est concentrée  sur l’empreinte-carbone. D’après ses évaluations, par rapport au système traditionnel de culture du riz, avec le système de riziculture intensive (SRI) l’émission du méthane est réduite jusqu’à 50 %.

Est-ce que les solutions qui s’appliquent à l’Afrique de l’Ouest pourront également s’adapter à l’Afrique de l’Est?

Edward Yeboah est convaincu que géographiquement, les solutions applicables pour lutter contre le dérèglement climatique devraient pouvoir s’appliquer à l’ensemble de l’Afrique et que les différences à adapter au cas de chaque pays sont moindres, s’il y en a.

Ces innovations agricoles semblent les unes comme les autres très intéressantes. Maintenant, la question qui se pose c’est comment convaincre les agriculteurs de les utiliser? Le problème majeur étant, dans presque toute l’Afrique, le coût que l’adoption de ces nouvelles technologies engendre. Affaire à suivre.

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