La sécheresse guette Antananarivo
« D’habitude je n’aime pas la pluie. Et c’est la première fois dans ma vie que je prie pour qu’il pleuve, » a avoué une proche.
Effectivement, à Madagascar, nous sommes censés être en pleine saison de pluie mais les précipitations se font très rares. D’ailleurs, l’équipe de la météo a déjà annoncé en octobre dernier (2016) que cette saison de pluie débutera beaucoup plus tard cette année.
Il y a quelques temps, la JIRAMA (entreprise publique fournisseur en eau et électricité à Madagascar) a contrarié des milliers de citoyens malgaches lorsqu’ils ont fait paraître une note dans la presse. Elle explique qu’elle doit procéder au délestage dû à l’insuffisance des eaux des barrages d’Andekaleka, de Mandraka, d’Antelomita et de Sahanivotry. En effet, les centrales hydro-électriques n’arrivent pas à produire assez d’énergie pour alimenter toute la Ville Des Milles. La JIRAMA met cela sur le compte du changement climatique causé par la déforestation et les cultures sur brûlis.
En fait, ce qui a fâché les clients de ce fournisseur, c’est que la JIRAMA ne reconnait jamais sa responsabilité pour ce qu’elle fait subir à ses abonnés. Elle trouve toujours des prétextes. Tantôt c’est l’abondance des eaux qui entraîne le délestage, tantôt c’est son insuffisance. Sinon, c’est le manque de carburant ou la vétusté des matériels et équipements. Du coup, beaucoup ne voulaient plus les entendre. (Et détrompez-vous. Même si je comprends la situation, je n’excuse pas la JIRAMA pour autant. Mais ça, ce sera une autre histoire).
Malheureusement, mon mari et moi – et beaucoup d’autres tananariviens – étions choqués d’avoir vu le fleuve d’Ikopa asséché en passant par Tanjombato ce samedi (14/01/2017). On a été terrifié.
Que se passe-t-il?
Météo Madagascar apporte des explications. Elle confirme que d’un côté, c’est dû à la déforestation et aux cultures sur brûlis pratiquées sur l’île depuis ces quelques années. On sait presque tous ce que cela entraîne mais beaucoup n’en sont pas vraiment conscients. « En absence d’arbres, lorsqu’il pleut, l’eau ne s’infiltre pas dans le sol mais coule. Le niveau de la nappe phréatique diminue et les sources se tarissent. Nous ne devrions pas nous étonner si on peut marcher sur le lit d’Ikopa et que les pierres et sables soient apparents. »
D’un autre côté, toujours selon Météo Madagascar, beaucoup de zones, surtout urbaines, sont imperméables : les routes goudronnées, les cours recouvertes de ciment… Une fois de plus, l’eau des pluies ne s’infiltre pas dans le sous-sol. « C’est normal s’il n’y a plus assez d’humidité sur la partie Est de Madagascar. »
Que faire?
Et c’est encore les techniciens de la météo qui nous proposent des solutions.
– A court terme : On peut envisager de faire tomber des pluies artificielles si les conditions sont remplies. Cela requiert assez d’humidité donc des nuages. Ensuite, il ne faut pas qu’il y ait beaucoup trop de vent car le vent dissipe les nuages. Enfin, cela demande suffisamment de fonds et de matériaux pour ce faire sans oublier le besoin en ressources humaines compétentes.
Plusieurs personnes ont justement réclamé des pluies artificielles. Comme nous pouvons le constater donc, ce n’est pas aussi simple. Et à l’équipe de la météo d’avouer que « Les pluies artificielles ne pourront pas rattraper le niveau d’eau qu’on aurait dû recueillir depuis toutes ces années de pratique de « tavy » »
– Chaque citoyen urbain est invité à disperser de l’eau pour contribuer à l’humidification de l’atmosphère. « Si, par exemple, 1000 familles versent 10 litres d’eau (eaux usées débarrassées des restes alimentaires…), cela peut faire monter jusqu’à au moins 5 tonnes d’humidité vers l’atmosphère. »
– Je ne peux que soutenir l’appel de la Météo Madagascar:
« Il faut préserver les forêts en arrêtant la coupe des arbres et les feux de brousse. Protégeons-les. Plantons des arbres. Il serait bien de faire appliquer des mesures sévères pour prévoir l’avenir des jeunes et générations futures malgaches »
La sécheresse nous guette. Nous ne pouvons plus dire que le changement climatique ne nous concerne pas. C’est maintenant une question de vie ou de mort.
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