Dix raisons pour ne pas respecter la loi
La mise en application des lois, nouvelles ou anciennes, suscite presque toujours des débats parmi les Malgaches. Quelques exemples: le port obligatoire de ceinture de sécurité, le port de casque pour les motards, la fermeture des magasins de boissons alcoolisées à 21 heures. Maintenant, il y a les plaques d’immatriculation des voitures. Mais pourquoi donc ? Ci-dessous les réponses que j’ai trouvées suite à des discussions entendues ici et là, que je ne cautionne pas forcément.
1. La loi est n’est pas pour tous. Le petit citoyen se dit : « Les dirigeants qui nous gouvernent violent la loi chaque fois qu’ils le peuvent… Alors, pourquoi je m’y plierais ? » Puisque les plaques minéralogiques sont le sujet chaud du moment, je vais les prendre comme exemple. La loi exige la normalisation de ces plaques : écritures blanches sur fond noir. « Bof… Où sont d’abord ces fameuses plaques rouges de l’administration ? », réclament les automobilistes.
2. Les citoyens savent que s’ils s’entêtent, l’Etat va céder. Tiens, un autre sujet chaud : la vente à la sauvette (et oui, il n’y a pas que le Mondial). Combien de fois ces vendeurs ont-ils été renvoyés, pourchassés ? Combien de fois leurs marchandises ont-elles été confisquées? Personne n’a réussi à résoudre ce problème jusqu’ici.
3. Vive la corruption. Les papiers de la voiture ne sont pas en règle? Ou on a commis des infractions routières ? Il suffit d’avoir un peu d’argent à donner aux agents et le problème est réglé. A ses 18 ans, mon frère, comme la loi l’exige, a demandé une carte d’identité nationale. Et voilà ce qu’un des responsables à la mairie lui a dit en douce : « Ecoute « zandry » (petit), il n’y a pas d’imprimés pour le moment, mais j’en ai déjà réservé un exprès pour toi. Tu me files 5000 Ar et tu auras ta carte la semaine prochaine au lieu d’attendre un mois ou plus, rien n’est sûr. » (Dommage pour ce gars, mon frère n’était pas pressé)
4. L’illégalité devient une pratique courante à un tel point que la majorité de la population pense que c’est tout à fait normal. Fumer dans les lieux collectifs est interdit mais est-ce que les fumeurs s’en préoccupent ? Attendons de voir comment les autorités géreront cela au mois d’octobre quand l’arrêté interministériel n° 29.511/2013 entrera en vigueur.
5. Les délits mineurs sont considérés comme insignifiants ou peu importants. Par exemple, uriner ou déféquer sur la voie publique. Je ne comprends même pas qu’on ait besoin de loi pour interdire un tel acte, c’est tellement logique pourtant.
6. Les lois dont l’Etat a récemment exigé l’application ne sont pas une priorité pour le pays, disent les citoyens. « On s’en fout. Mais qu’est-ce qu’ils croient ces dirigeants ? Qu’en nous obligeant à mettre notre ceinture de sécurité, ça sortira Madagascar de la pauvreté ?… Ahhhh, au lieu de nous embêter avec la plaque de notre voiture, qu’attendent-ils pour traquer les voleurs? « , rognent les gens.
7. La sévérité et la ferveur des autorités ne durent pas bien longtemps. Au début, on a peur. Après, on se rend compte que voilà, les vitres teintées reviennent, ainsi que les voitures à volant à droite…
8. La mise en oeuvre de certaines lois est stupide anormale. Toujours concernant la circulation routière, pour la police, le port de ceinture de sécurité ne semble obligatoire que pour le conducteur mais pas pour les autres passagers. Un enfant de moins de 5 ans ne peut pas s’asseoir sur le siège avant de la voiture, mais il n’y a aucun souci lorsqu’un bébé ou un enfant monte avec ses parents sur la moto. Il suffit juste à l’enfant de porter un casque.
9. Certains font leur propre loi. Cas de la vindicte populaire. On se rappelle du triple lynchage à Nosy Be ou du cambrioleur amputé à Toamasina (photos choquantes). Défaillance de la justice ou pas, rien n’excuse une telle barbarie.
10. Bref, les citoyens n’aiment pas la loi. Peu importe la loi qui va sortir, peu importe sous quel régime (politique), personne ne va s’y soumettre sans rechigner.
Petit cadeau : une vidéo qui montre la circulation à Behoririka (Centre-ville d’Antananarivo) en fin d’après-midi du 24 juin dernier
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