Madagascar: L’éducation selon les Ntaolo est-elle encore d’actualité?
Bonne et heureuse année 2014 à tous! Je reviens avec une bonne nouvelle. Je viens d’avoir une petite fille. Ce qui a valu cette pause.
Ma fille est née un vendredi. A quoi ça sert de savoir ça me diriez-vous? Mais c’est un jour que je dois prendre en compte sérieusement, selon ma belle-mère en tout cas. « Ne coupe surtout pas les ongles de la petite un vendredi. Ses cheveux non plus. – Ah bon? Pourquoi?
– Je n’en sais rien. Mais c’est comme ça. Il faut suivre les coutumes.«

Je vous ai déjà parlé des tabous durant la grossesse. Aujourd’hui, je vais partager le peu que je connais sur l’éducation des enfants selon les croyances des Ntaolo (ancêtres). Certaines croyances restent inexpliquées. Aucune personne de mon entourage en tout cas n’en connait les vraies raisons.
J’ai fait quelques recherches sur internet mais en vain, je n’ai trouvé qu’un livre (payant) qui parle du sujet. Je n’ai pas encore pu me l’offrir. Aussi, je demande votre aide. N’hésitez surtout pas à partager si vous connaissez d’autres croyances sur la manière d’élever son enfant. La liste ci-dessous relève donc de ce qu’on m’a dit de suivre depuis que je suis mère.
A NE PAS FAIRE
– Après la naissance, au moment d’enfouir le placenta sous terre, il ne faut pas se retourner au risque d’avoir un bébé qui louche.
– Une fois que le cordon ombilical tombe, on le donne à manger aux bœufs. Si une personne a très mauvaise mémoire, on le surnommera « very tadi-poitra » (celui/celle qui a perdu son cordon ombilical).
– Il ne faut pas emmener bébé sortir le soir pour le protéger de l’esprit du mal. Sinon, mettre de la cendre sur le front de bébé avant de sortir la nuit, brûler des cheveux une fois de retour à la maison pour faire partir cet esprit. On peut également enjamber une flamme pour conjurer le mauvais sort. Il faut faire de même après une présentation de condoléance chez la famille du défunt, une veillée funèbre ou un enterrement.
– Dans la région Est de Madagascar, il est interdit à l’enfant qui n’a pas encore de dents de porter un chapeau en raphia. Le raphia met sept ans pour fleurir. Il paraît alors que l’enfant qui ne respectera pas cette croyance ne survivra pas au delà de ses sept ans.
– Le garçon non circoncis ne doit pas s’asseoir sur un mortier.
A FAIRE
– Quand bébé a trois mois, il aura droit à sa première coupe de cheveux. Pour cela, sa mère choisit une personne ayant une belle chevelure, espérant ainsi que le bébé ait d’aussi beaux cheveux que cette personne. Au moment de la coupe, personne ne doit se retourner. C’est aussi une grande célébration pour toute la grande famille.
– Faire mettre un bracelet fabriqué à l’aide d’un fil et d’un bouton qu’on a ramassé (trouvé) pour faciliter la poussée des dents.
– Verser de l’eau à l’endroit où l’enfant est tombé.
– Le parent, avant de partir en voyage, sucera l’auriculaire de son enfant pour que l’absence ne soit pas trop pénible pour ce dernier.
– Un garçon non circoncis ne sera pas un vrai homme.
SUIVRE ou PAS? CROIRE ou PAS?
Depuis quelques temps, je suis un groupe sur Facebook: « Koloiko ny zanako » (Je prends soin de mes enfants). J’ai demandé aux mamans membres de ce groupe de partager leur opinion sur la question. Les avis divergent.
Il y a celles qui s’y opposent. Une grande majorité préfère s’en remettre à Dieu et juge ces croyances d’occultes. Une autre partie ne suit pas car, pour elles, tant qu’il n’y pas d’explications scientifiques, elles n’en croient rien.
Ensuite, il y a celles qui respectent ces coutumes. Pour elles, c’est pour ne pas contredire les parents ou grand-parents. Ce sont souvent ces derniers qui rappellent aux jeunes mères comment il faut faire pour élever son enfant. Mais c’est aussi pour respecter la culture malgache et la faire perdurer. « De toute manière, Dieu ou pas, science ou pas, il n’y a aucun mal à suivre ces pratiques« , disent-elles. « Sachez qu’il y a plusieurs pays tels que l’Inde, le Japon, la Chine… dont les peuples sont jaloux de leur culture. Ce n’est pas pour autant qu’on les juge de païens« , a ajouté Fenohasina, l’une des mamans du groupe.
Et enfin, il y a certaines qui redoutent les possibles conséquences de telles croyances. Aussi, elles les suivent à la lettre.
Moi, je fais partie de ces gens qui n’y prêtent pas beaucoup attention. Comme je l’ai dit dans mon billet sur les interdits qui concernent les femmes enceintes, je recherche plus d’explications scientifiques. En parlant de coutume, j’ai tout de même fait circoncire mon fils, ce qui m’a valu le surnom de mère ignoble qui a fait mutiler son enfant. Mais, je vous rassure, mon fils va merveilleusement bien. Sinon, je me souviens, un jour, mon bonhomme a joué sur le seuil de la porte. Alors, pour ne pas l’embêter, je l’ai enjambé pour passer. On m’a crié dessus comme quoi c’était tabou et que mon enfant ne grandira plus.
Et vous, que pensez-vous de ces croyances?
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