Destination confinement

Article : Destination confinement
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28 mars 2020

Destination confinement

Suite à la propagation rapide du coronavirus dans le monde, l’État malgache a décidé de fermer ses frontières le 20 mars 2020 pour une durée de 30 jours. Tous les passagers en provenance d’Europe à partir du 16 mars 2020 ont été mis en quarantaine au centre hospitalier universitaire (CHU) d’Anosiala, dans des hôtels, ou à domicile. J’ai eu l’opportunité d’échanger avec une de ces passagers. Elle nous raconte son expérience tout en gardant l’anonymat.

Contrainte de rentrer au pays dû à cette décision de fermeture des frontières, cette jeune femme est arrivée à Ivato dans la nuit du 19 au 20 mars 2020 en provenance de France. Au départ, les passagers étaient censés retourner chez eux en échange d’une lettre d’engagement de rester en isolement. Au final, à leur débarquement, on leur a signifié qu’ils devaient tous être confinés à l’hôtel.

« Et là, c’était le désordre. Au fait, personne ne nous a expliqué comment ça allait se passer et surtout qui prendrait en charge le séjour et les repas. »

Après des heures d’attente et d’inquiétude, tout s’est finalement arrangé. Pris en main par le ministère de la santé, ils ont été transportés en car et en minibus à l’hôtel.

« J’ai eu de la chance d’être arrivée parmi les premiers. J’ai droit à ma propre chambre. Certaines personnes ont dû partager la leur. »

Il est interdit à toutes ces personnes confinées à l’hôtel de sortir de leur chambre. Notre amie s’occupe donc comme elle peut. Si elle ne regarde pas des films sur son compte Netflix, elle lit des livres. Elle s’est aussi décidée à mettre en pratique une formation qu’elle a suivie en méditation en pleine conscience. Et à l’instar de tout le monde, elle passe également son temps sur les réseaux sociaux.

« Jeudi, je me suis tellement ennuyée que je me suis mise à tourner en rond dans ma chambre [rire]. »

Elle vit mal le fait de ne pas être libre et de ne pas pouvoir sortir, mais elle est consciente que c’est pour son bien et surtout pour le bien de tout le monde. Le plus important pour elle c’est éviter tout risque de contamination pour ses parents. 

Malgré le fait que sa chambre soit spacieuse, elle regrette qu’il n’y ait pas un petit jardin ou un balcon.

« Lorsque je veux profiter du soleil, je sors juste ma tête par l’unique petite fenêtre de ma chambre. C’est dur. »

Elle apprécie les bons repas équilibrés servis par l’hôtel. Pour manger, le room service pose son plateau devant sa porte, toque et repart immédiatement. Lorsqu’elle a fini, elle repose ce plateau devant la porte, et quelqu’un vient le récupérer.

Le lendemain de leur installation à l’hôtel, on a fait un test à tous les passagers. Notre interlocutrice attend toujours ses résultats.

Elle m’a confié que si ça ne dépendait que d’elle, elle aurait choisi de rester en France.

« Notre pays a déjà très peu de moyens. Je ne voulais pas lui faire courir plus de risque en ramenant avec moi le virus. Malheureusement, avec tous ces va-et-vient, l’arrivée du coronavirus à Madagascar était inévitable. Ça devait arriver tôt ou tard. »

Au moment où j’écris ces lignes – 28 mars 2020 à 20h30, le nombre de cas positif au coronavirus à Madagascar s’élève à 37.

Elle m’a fait part de son inquiétude quant aux moyens dont le pays dispose pour faire face à cette pandémie et les impacts socio-économiques de cette crise.

Elle insiste sur le fait qu’il faut prendre cette menace au sérieux. Elle rappelle que cette maladie peut toucher tout le monde sans distinction de race ni de catégorie sociale. Il faut absolument respecter toutes les mesures de précaution. Tout le monde doit adopter les gestes barrières et la distanciation.

« C’est dans notre intérêt à tous si on veut sortir de cette situation rapidement. On ne doit surtout pas rester longtemps comme ça. »

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Commentaires

Rin
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Merci pour ce témoignage.
Ils sont donc à l'hôtel, mais qui paie?

Lalatiana Rahariniaina
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C'est le ministère de la santé qui s'est occupé d'eux

Richard
Répondre

Merci beaucoup pour ce témoignage !