Sud de Madagascar : Les droits humains en péril par la crise climatique

Article : Sud de Madagascar : Les droits humains en péril par la crise climatique
Crédit: GregMontani / Pixabay
2 novembre 2021

Sud de Madagascar : Les droits humains en péril par la crise climatique

J’étais encore enfant, en 1991 ou 1992, lorsque mon école a fait appel aux dons pour les victimes de famine du Sud de Madagascar. Attristée par la situation, je me souviens avoir économisé tout mon argent de poche pour acheter quelques petits vivres pour les enfants de l’Androy.

Malheureusement, au fil des années, leur situation n’a fait que s’empirer. Dans une conférence de presse virtuelle à laquelle j’ai assisté la semaine dernière, Amnesty International a confirmé que le changement climatique a intensifié la sécheresse dans le Sud de Madagascar et porte atteinte aux droits humains fondamentaux. En effet, Amnesty International a effectué une mission de recherche dans cette région en mars 2021.

Amplification de la sécheresse

De par son climat semi-aride, la région souffre d’un faible taux de précipitation annuel (500 à 700 mm/an). Une réduction des pluies sont notées et les températures augmentent de 0,1°C selon la Banque Mondiale.

« J’ai constaté beaucoup de changement. Avant, il pleuvait de septembre à décembre, et nous commencions nos cultures en février. Cette année, il n’a plu qu’en février. Cela fait deux ans que rien ne pousse dans nos champs », témoigne une habitante de la région. Ces propos ont été recueillis par Amnesty International.

« Durant un mois, les vagues étaient tellement fortes qu’il n’y avait qu’un jour pour aller pêcher », se sont plaints les pêcheurs auprès de Marie Christina Kolo, une éco-activiste basée à Madagascar.

Or, l’agriculture, l’élevage et la pêche sont essentiellement les moyens de subsistance de la population.

Tron d'arbre seul dans le désert
Crédit : Free-Photos / Pixabay

Plus d’un million de personnes victimes des impacts de la crise climatique       

La sécheresse aggravée par le changement climatique affecte les droits humains fondamentaux : le droit à l’alimentation, le droit à l’eau et à l’assainissement, le droit à la santé et le droit à la vie.

Les personnes les plus pauvres et les plus marginalisés sont les plus vulnérables. Selon Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 1,14 million de personnes sont en situation de forte insécurité alimentaire.

De nombreux enfants ne jouissent pas de leur droit à l’éducation. Les parents ne veulent pas les envoyer à l’école le ventre vide ou préfèrent que les enfants travaillent pour venir en aide à leur famille.

Amnesty International lance un appel aux dirigeants nationaux et internationaux

Le Sud de Madagascar est victime de la pire sécheresse qu’il ait enduré depuis 40 ans. Selon les projections climatiques, les sécheresses risquent de prendre de l’ampleur dans cette région dans les prochaines décennies à cause du changement climatique. D’ailleurs, d’après l’indice mondial des risques climatiques entre 2000 et 2019, Madagascar fait partie des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique.

Indice du risque climatique: Classement 2000-2019. Source: germanwatch.org
Indice du risque climatique: Classement 2000-2019. Source: germanwatch.org

Amnesty International demande à l’État malgache de prendre ses responsabilités face à la situation des droits humains, notamment le droit à l’alimentation et l’accès à l’eau, dans le Sud.

Amnesty International déplore que les pays en développement, tel que Madagascar, qui ont le moins contribué au changement climatique en subissent les effets. Elle fait alors appel à la communauté internationale pour apporter son aide humanitaire.

A l’occasion de la COP26 qui se déroule actuellement à Glasgow jusqu’au 12 novembre, Amnesty International urge les dirigeants mondiaux à prendre les mesures nécessaires pour réduire l’émission de GES (gaz à effet de serre) et limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5°C pour lutter contre la crise du changement climatique planétaire. Amnesty International insiste sur le fait que « les droits humains doivent être au cœur des préoccupations, dans toutes les politiques publiques, mesures et initiatives décidées par les États. »

Il sera trop tard pour nous aider quand nous seront morts.

Message poignant, titre du rapport de l’Amnesty International sur l’impact du changement climatique sur les droits humains dans le sud de Madagascar frappé par la sécheresse pour rappeler qu’il faut agir maintenant et d’une manière pérenne.

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