Lalatiana Rahariniaina

Au Sénégal, les taxis ont une queue

C’est Enamorate, notre amie mondoblogueuse du Pérou, qui a remarqué que beaucoup de taxis de Dakar ont une queue à l’arrière de l’auto. J’ai essayé de trouver pourquoi mais je n’ai pas eu de réponses exactes. Manque de pot, je n’ai pas réussi à prendre un taxi avec une queue. J’ai demandé à un chauffeur de taxi qui visiblement n’a pas mis de queue de bœuf à sa voiture. Il a expliqué que soit c’est juste une décoration, soit c’est relié à une croyance mythique parce que « tout » le bœuf est utilisé par l’homme, continue-t-il. C’est vrai oui, comme à Madagascar, la chair est mangée, le cuir est utilisé pour des sacs ou sandales, les cornes sont transformés en objets d’art. Le chauffeur de notre car a dit que c’est peut-être aussi un porte-bonheur.

Taxi à Dakar

J’ai quitté Dakar samedi matin pour rentrer chez moi. J’y reviendrai peut-être un jour; je ne sais pas. En attendant, j’espère que les amis mondoblogueurs de Dakar demanderont pour moi pourquoi les taxis ont une queue. 😉


Foyer au Sénégal: Rôles de l’homme et de la femme

Je suis au Sénégal pour une formation Mondoblog. Et c’est avec grand plaisir que je rencontre enfin en personne Simon, Cédric et Ziad (les organisateurs du projet Mondoblog) et les autres mondoblogueurs sélectionnés pour la formation de Dakar.

Lundi 4 Avril 2011, c’est le premier jour de la formation. C’est normalement un jour férié parce que c’est le 51ème anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Mais Mr Djib Diédhiou de CESTI (Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information au Sénégal) a bien voulu venir à l’auberge pour notre formation. Alors il nous a donné quelques idées sur les sujets qu’on pourrait écrire comme la fête de l’indépendance, le marché, le commerce illégal… Puis Mr Djib nous a demandé de sortir pour voir un peu ce qui se passe dans les alentours pour en faire un article. On s’est donc départagé en petits groupes pour partir en quête d’informations à partager. Moi, j’étais avec un modoblogueur sénégalais, Cissokho. C’est une chance pour moi parce qu’il parle le Wolof et il m’a servi d’interprète. Il y a des gens qui ne parlent pas le français. On a essayé d’interviewer quelques gens mais seulement trois personnes ont accepté. Et la plupart des gens à qui on a parlé ne voulait pas être photographiée. Il y en a eu certains qui auraient accepté à condition que je leur donne de l’argent.

Jusque là, ce que je connaissais de l’Islam, c’était que les hommes et les femmes ont deux rôles  distincts. Ce qui n’était pas tout à fait faux d’ailleurs d’après ce que j’ai pu apprendre de ces trois personnes de Patte d’Oie (quartier de Dakar) qui ont bien voulu répondre à mes questions. Sinon, je pensais que les droits de la femme comme l’accès à l’éducation, la protection contre les violences conjugales… posaient problème. Mais ce n’est pas le cas. La modernisation a aussi atteint le Sénégal, on dirait, d’après les trois personnes avec qui j’ai parlé. Parce que, il faut l’avouer, dans la société traditionnelle malgache et peut-être un peu partout dans le monde, les hommes travaillaient et les femmes s’occupaient des corvées ménagères. Maintenant, les femmes travaillent pour aider à subvenir aux besoins du foyer. Et ce n’est plus rare de voir les hommes se mettre à cuisiner ou faire le ménage.

J’ai rencontré donc Yacine, Awa et Abdoulaye au marché. Ils sont tous trois musulmans, c’est d’ailleurs la religion d’une très grande partie de la population du Sénégal. Même si la modernisation a entraîné le changement, le Coran reste la base du fondement de la famille. A priori donc, les femmes s’occupent du foyer, des enfants, du mari et les hommes se chargent du confort matériel et financier de la famille. Mais le Coran précise que les maris doivent aider leurs femmes.

Abdoulaye

Quand j’ai évoqué le mot “parité”, Abdoulaye n’a pas très bien compris le terme. Heureusement que mon gentil interprète, Cissokho était là pour expliquer que c’est l’égalité entre les deux sexes. Abdoulaye reste méfiant parce qu’il ne veut absolument pas que les femmes cherchent à surpasser l’homme. Pour lui, l’homme est “Roi”. Il ne veut pas que sa femme, il n’en a qu’une pour le moment pour cause d’ insuffisance d’argent, sorte de la maison pour aller travailler et  rencontrer un autre homme qui va vouloir la courtiser pour ensuite quitter Abdoulaye.

Par contre Awa, une dame commerçante qui est très sympathique, pense que la lutte pour la parité est une cause perdue vu que c’est carrément impossible. Pour elle, chacun a son rôle et doit le garder. Elle a quand même décidé de divorcer de son mari qui est parti en Italie depuis maintenant 6 ans. Puis elle s’est mise à travailler pour subvenir aux besoins de son fils de 7 ans. L’ex-mari n’envoie de l’argent pour le fils que lorsqu’il le veut bien; alors elle se débrouille pour être financièrement indépendante.

C’est une autre fausse image que j’avais sur l’Islam. Apparemment, le divorce est bien accepté. A Madagascar, une femme divorcée n’est pas toujours très appréciée de la société. La plupart du temps, les gens ne cherchent pas souvent à comprendre les vraies raisons, pour eux la femme a probablement fait quelque chose qu’il ne fallait pas faire.

Yacine n’est pas mariée pour le moment mais elle partage l’avis de Awa et Abdoulaye: la femme doit s’occuper de la maison. Il n’empêche qu’elle souhaite qu’une femme ayant les mêmes qualifications et le même poste qu’un homme touche le même salaire à la fin du mois. Elle a insisté sur le fait que la femme occupe un rôle très important dans le foyer. Vis-à-vis de la société, si tout va bien à la maison, c’est grâce à la femme, si le mari n’est pas heureux, c’est la femme qu’on pointera du doigt. Elle, en tant que femme, est très fière de ce rôle important qu’elle doit jouer et veut l’assumer.

Après avoir parlé à Abdoulaye qui a évoqué le droit à la polygamie, je suis revenue voir Awa pour lui demander si elle était d’accord par le fait qu’un homme peut avoir jusqu’à quatre femmes. Pour respecter le Coran, Awa l’accepte, mais elle trouve que la polygamie est une situation assez difficile à vivre parce qu’il y a la jalousie et la concurrence. Elle a été la seconde femme de son ex-mari et elle avoue que c’était un peu tendu à la maison. Alors, elle préfèrerait bien se remarier à un homme qui n’aura qu’une femme, c’est-à-dire elle.

Au départ, je voulais traiter un sujet sur les droits de la femme au Sénégal. J’ai cru que, comme dans certains pays, elles n’avaient pas accès à l’éducation, qu’elles subissaient des maltraitances à la maison et qu’elles n’avaient pas le droit de s’exprimer. Mais je me suis trompée. Yacine a même dit que les hommes et les femmes se mettent à table ensemble. J’ai appris avec intérêt que les femmes ne ressentent aucun problème face à leurs droits, du moins c’est l’avis de Yacine, Awa et Abdoulaye. Ils disent que la majorité des gens se base sur la religion musulmane qui a des règles de vie très respectés par les deux sexes. Alors même si, moi, je trouve que si les hommes ont droit à plusieurs femmes, ça devrait donc être pareil pour les femmes: Yacine, Awa et Abdoulaye sont catégoriques là-dessus, il n’en est pas question!

Juste à côté de notre auberge, il y a une famille en deuil. Il paraît qu’une femme a tenté de faire un voyage clandestin pour aller en Grèce il y a trois mois. Et c’est seulement samedi que la famille a appris le décès de cette femme. Chantal, la propriétaire de l’auberge a dit qu’on ne pourra pas se fier à d’autres détails. Les rumeurs circulent vite et les gens en rajoutent un peu sur les faits. Les rumeurs, c’est quelque chose d’assez courant à Madagascar. J’aurai bien voulu aussi traiter sur les rituels de deuil au Sénégal mais comme les membres de la famille concernée n’ont pas voulu, je n’ai pas insisté. Je comprends tout à fait leur réaction. J’ai quand même réussi à prendre une photo des femmes qui se mettaient autour de marmites où l’on cuisinait du bœuf.


Blogouameth, le blog de Ameth Dia

Mardi 5 Avril 2011, deuxième jour de la formation Mondoblog à Dakar, on nous invite à faire le portrait d’un ami mondoblogueur. Je suis ravie de vous inviter à découvrir Ameth et le « Blogouameth », le wolof pour dire Blog d’Ameth.

Ameth Dia, c’est un jeune sénégalais, étudiant en troisième année de littérature française à l’Université de Gaston Berger à Saint-Louis, au nord du Sénégal.

Ameth DiaDepuis qu’il est à l’université de Saint Louis, Ameth écoute beaucoup RFI où il a entendu l’ouverture du concours Mondoblog. A force d’écouter l’annonce, il a fini par s’y intéresser et s’inscrire à la dernière minute. Ameth m’a expliqué qu’il est comme ça. Il hésite longtemps sur une chose avant de la faire (ou pas) pour en être bien certain. Il avoue qu’il est aussi timide, du coup il est plutôt casanier.

Ameth s’est donc inscrit au concours Mondoblog et a été sélectionné parmi les 100 blogueurs à suivre un encadrement à distance pendant 6 mois. Il blogue sur tout ce qui l’entoure. Son sujet favori est la société. Ameth aime bien son article sur les vaches qui se trouvent dans la cour de l’université. « C’est une histoire insolite », pense-t-il. Oui, c’est vrai j’ai trouvé cette histoire marrante. Mais bon, Ameth espère en tout cas faire découvrir aux gens, du monde entier pourquoi pas, sa vision de ce qui se passe au Sénégal.

Ameth est très encouragé par sa famille pour le blogging (ce qui n’est pas vraiment mon cas 😉 ). Son frère était même très fier quand il est passé dans l’émission Mondoblog de l’Atelier des Médias. Ameth y parle du début de l’internet au Sénégal. Il explique qu’il préfère écrire son blog en Français pour avoir plus de lecteurs et il lui est difficile d’écrire en wolof.

On a au moins 2 points en commun Ameth et moi, évidemment on aime le blogging mais aussi les dessins animés. A part ça, il est adepte des jeux vidéos, au rap et RnB français et américains.

Ameth n’a pas beaucoup d’amis, il parle peu mais écrit beaucoup. J’espère en tout cas qu’il se fera des tas d’amis de par le monde grâce à son blog : Egsilene Agdjam qui signifie « soyez les bienvenus ».


Une petite visite sur l’île de Gorée

Samedi 2 avril, je quitte Madagascar pour rejoindre une formation Mondoblog au Sénégal. Ça a été mon baptême de l’air. J’ai apprécié le voyage en avion mais j’avais quand même un bourdonnement dans ma tête tout le long du trajet.

Dimanche  3 avril, 4h10, on attérit à Dakar. La première chose que je voulais faire c’était de me procurer une puce pour que je puisse téléphoner à mon mari. En négociant le prix de la puce, j’aperçois dehors un homme tenant une plaque. Dès que j’ai vu le papier rempli de noms super longs, je me suis dit que c’est le gars qui est venu nous chercher à l’aéroport. Les gens se plaignent souvent que les noms malgaches sont bien longs. Une fois dehors, le gars était effectivement le chauffeur. C’est là qu’il m’a appris que je me suis fait arnaquée. J’ai payé la puce orange 4 fois le prix normal.

Dimanche après-midi, Simon et Cédric ont proposé à la première vague déjà arrivée d’aller faire un petit tour en Gorée. On doit prendre une chaloupe pour atteindre l’île. Cédric a fait la queue pour acheter les billets de tout le monde pour faire plus vite. Surprise§ apparemment, les étrangers doivent payer 5000CFA au lieu de 2500CFA comme les Sénégalais. La moitié du groupe a réussi à passer inaperçu; Simon, Andriamihaja et moi, non.

Voici quelques photos que j’ai prises.

From Au Sénégal
From Au Sénégal
From Au Sénégal
From Au Sénégal
From Au Sénégal

J’ai adoré les téléphones usés et toutes autres choses abîmées avec quoi on a créé des objets d’art.

En attendant la chaloupe qui devait nous ramenait de l’autre côté de la rive, l’équipe s’est installée devant un petit bar pour se faire une bière. Une dame s’est rapprochée de nous et ne m’a plus lâchée avant que je ne décide d’acheter un des colliers qu’elle vendaient. Les gars ont que je suis dure en affaire. Après quelques minutes de marchandage, j’ai eu un collier et une paire de boucles d’oreilles à 1500CFA alors qu’au départ, la dame les a proposé à 3000CFA.

From Au Sénégal

Les statues sur la photo représente la libération de l’esclavage. Pour ceux qui ne le savent pas, l’île de Gorée était une sorte de transit où l’on enfermait les esclaves africains avant de les expédier en Amérique. On n’a malheureusement pas pu visiter la « maison des Esclaves ».

From Au Sénégal

Enfin, la photo ci-dessus a été prise à Patte d’Oie, un quartier de Dakar. Chez nous à Madagascar, ce sont les zébus qui tirent la charrette.


Earth Hour 2011 à Antananarivo

26 Mars 2011, 20h30, j’ai éteint toutes nos lumières, l’ordi, la télé (oops le frigo était resté branché). Mon mari et moi sommes sortis pour aller à Analakely, le centre ville de Tanà. On s’est arrêté devant la Gare de Soarano qui a bien voulu participer à Earth Hour en éteignant ses lumières. Juste à côté, il y a le Café de la gare où les clients ont apprécié un dîner aux chandelles. Ensuite, un petit tour d’Analakely en s’arrêtant devant l’Hôtel de Ville qui a aussi éteint ses lumières, mais pas celles des jets d’eau. De retour à la maison, je regarde autour de chez moi, chez quelques voisins, les lumières sont effectivement éteintes, c’est sans doute parce qu’ils dorment déjà. Sinon, quelques lumières se remarquaient sur certaines fenêtres. Chez moi, je me suis amusée à faire du light painting, mais c’est raté.

Certains de mes amis ont dit qu’ils allaient y participer. J’espère qu’ils l’ont fait. Je suppose, en tout cas, que Andriamihaja l’a fait.

Je pense que peu de gens ont été au courant de cette campagne. Parmi ceux qui ont su, beaucoup se sont plaint comme quoi, ce n’est plus la peine pour eux de participer vu qu’il y a déjà presque tous les jours des délestages. D’autres restaurants tels que Carlton, Louvre, Palissandre, La Varangue… ont répondu à l‘invitation de WWF Madagascar mais je n’ai pas pu y faire une petite visite. Il paraît qu’il a été aussi programmé que le Palais de la Reine de Manjakamiadana prenne part à Earth Hour.

Pour info, Earth Hour est une campagne initiée par WWF, qui a été lancée en Australie en 2007 et est maintenant célébrée tous les ans dans plus de 120 pays. Pendant une heure, les gens du monde entier sont invités à éteindre les lumières dans le but de sauver la planète des changements climatiques en préservant de l’énergie. Pour cette année 2011, Earth Hour a été célébré le 26 Mars à 20h30 (heure locale, où que vous soyez).

Voici quelques photos:

Diner aux chandelles au Café de la gare

La gare de Soarano

L’Hôtel de Ville de Tanà


« Docteur de chaussures malades »

Docteur de chaussures malades? En effet, c’est un petit souvenir d’enfance. Je me souviens, j’avais un livre de français qui contenait quelques photos prises en Afrique avec un langage « Français Africain ». Parmi les photos, il y avait un petit écriteau devant un cordonnier où on pouvait lire « Docteur de chaussures malades ». Justement aujourd’hui, je me suis arrêtée chez un cordonnier pour prendre quelques photos et discuter un peu de son métier et je me suis dit que je prêterai cet écriteau pour titre de mon article.

Il y a beaucoup de cordonniers à Madagascar. En 2009, j’ai déjà écrit un article sur un cordonnier que j’ai rencontré à Andoharanofotsy, mon ancien quartier. Ra-Noré, son nom, s’installait (s’installe plutôt, parce qu’il est encore là, je crois) tous les jours sur le trottoir avec ses petits ustensiles. Les gens passent et déposent des chaussures à réparer.

Aujourd’hui, j’ai discuté avec un autre cordonnier qui s’appelle RAKOTONDRAZAFY Petera (sur la photo), un sexagénaire, qui m’a chaleureusement ouvert les portes de son petit atelier avec pleins de chaussures partout. Il a commencé à s’intéresser au métier depuis qu’il a travaillé dans une société de fabrication de chaussures en 1970. Malheureusement, la grève de 1972 a entrainé la fermeture de cette société. Mais quelques temps après, il a trouvé un autre emploi dans une autre entreprise du même genre. Il en a profité pour suivre quelques formations. Il quitte cette entreprise en 1985 pour aller travailler dans une Mairie. Il n’y est pourtant pas resté bien longtemps parce qu’il ne s’y plaisait pas vraiment. Pendant quelques années, il était cordonnier à Antsirabe. Puis en 1994, il s’est installé à Analamahitsy (Antananarivo) et il y est encore. Il répare donc principalement des chaussures abimées, sandales, mais parfois des sacs, ou le capitonnage d’une moto, bref tout ce qui est fait de cuir sauf le ballon, a-t-il dit. Il s’est doté de quelques matériels et outils (aiguilles, fils, colle, machine à coudre, marteau, ciseaux, …) pour la réparation mais il peut également en créer de nouvelles paires. Sauf que faute de temps (ou de clients non intéressés, c’est ma pure interprétation), il se fabrique des souliers pour lui-même pour de grandes occasions comme Noël, par exemple, a-t-il expliqué.

Quant aux chaussures à réparer, la plupart sont surtout de fabrication chinoise. Toujours selon Petera, un chinois lui a dit que les produits chinois qui débarquent à Madagascar sont de 3ème qualité; ce qui explique pourquoi ils s’abîment très vite. Mais les souliers chinois sont très bon marché, voilà pourquoi les gens se ruent à les acheter. Il y a toujours la friperie mais pourquoi acheter seconde main quand on peut avoir de nouvelles chaussures pour presque le même prix?

Je pense que les gens préfèrent toujours réparer avant de s’acheter de nouvelles paires de chaussures parce que de petites réparations, chez Petera, par exemple, va coûter de 100 Ar à 1000 Ar. Attention, cela peut aller jusqu’à 16 000 Ar s’il s’agit de changer les semelles ou tout le cuir. La paire de pantoufle rouge (photo ci-dessus à gauche) a juste besoin de colle et la réparation coûte 200Ar. Au moment où je parlais à Petera, une dame est passée déposer les sandales (photo ci-dessus à droite). Elle a demandé à ce qu’on couse les rebords mais le cordonnier lui a expliqué que les semelles sont trop épaisses et qu’il va devoir clouer le pourtour pour les réparer. Ils se sont convenus que cela coûtera 800 Ar à la dame. Ils réparent les commandes en un ou 2 jours. Les sandales de la dame seront prêtes le lendemain à 16h30.

Les quelques problèmes que Petera rencontrent sont dus aux réparations nécessitant une meule, donc une électricité qu’il n’en a pas. Mais ça ne l’empêche pas d’honorer sa commande parce qu’il va chez un ami qui a l’électricité si besoin est. Sinon, parfois si il a beaucoup de commandes, il lui arrive de ne pas pouvoir terminer les réparations à temps ce qui fâchent certains clients. Puis, il rigole un peu en me disant pourquoi ils s’énervent alors qu’il y a là toute une étagère de chaussures réparées que les clients ne sont plus revenus récupérer. Certaines sont là depuis des années, dit-il. Et ça représente des pertes pour notre cordonnier qui a dépensé force, temps, fils, colle, clous avec ces souliers non récupérés. Je lui ai demandé s’il ne prenait pas d’avance mais il a dit que c’est embêtant de demander une avance sur des petites réparations.

Le métier de cordonnier permet à Petera de gagner sa vie. Il peut payer sa nourriture quotidienne et son loyer. Sa femme l’a quitté et ses enfants sont tous partis. Ces derniers lui rendent de temps en temps visite surtout son fils aîné qui vient demander souvent conseil à son père, parce que lui aussi, vient d’entamer le métier de cordonnier à Itaosy.

Petera souhaite que le gouvernement mette en place un système pour que les produits d’importation deviennent plus chers sur le marché pour que les gens préfèrent plus les produits malgaches qui deviendront alors moins chers. Je lui ai demandé: « est-ce que vous croyez que les malgaches vont alors faire confiance aux produits locaux qui, à un moment donné, se sont abimés très vite? » Sa réponse m’a beaucoup intéressé mais reste à vérifier. Tant pis, je la partage quand même. Petera a donc expliqué qu’à un moment donné, du temps du Président Ratsiraka, les importations ont été interdites. Seules les gens en possession de carte rouge pouvaient faire de l’importation. Il était très difficile et couteux de trouver des produits finis importés. Même les matières premières se faisaient très rares. Du coup, les artisans malgaches se sont débrouillés avec les moyens du bord et ça ne donnait pas toujours de bonne qualité. A noter que bonne qualité veut dire durable pour les malgaches. L’arrivée des produits chinois n’ont fait qu’empirer les choses, a-t-il ajouté, parce que certains artisans préfèrent utiliser les matières premières les moins chers (et mauvaises qualités) pour essayer de ne pas dépasser le prix des produits chinois qui se vendent à des prix vraiment bradés. Heureusement, dit-il, que beaucoup de produits malgaches sont de nos jours de très bonne qualité mais il faudra aussi y mettre le prix. Pour le moment, il continue à réparer les chaussures pour rendre service à bien des gens. Moi même, j’ai eu plusieurs fois recours aux services de ces cordonniers 🙂


Femme

Femme, réveille-toi, c’est le matin;

Ton mari, tes enfants auront bientôt faim.

Femme, es-tu allée chercher de l’eau?

Ne traîne pas, regarde tout ce boulot.

Femme, pendant que bébé dors encore,

Pourquoi n’iras-tu pas piler du riz dehors?

Femme, allume le feu, cuis le riz,

Va prendre des brèdes pour midi.

Femme, les assiettes, les marmites sont sales;

Femme, qu’attends-tu pour faire la vaisselle?

Femme, la lessive est-elle terminée?

As-tu déjà rentré les canards, les poulets?

Femme, qu’est-ce qui cuit?

Encore du manioc? mais où est le riz?

Femme, calme ton bébé qui pleure;

Ton mari est fatigué, il dort.

Femme, toi qui as, tous les jours,

Travaillé aussi dur

Pour tes enfants, ton mari;

Femme, repose-toi aujourd’hui.


Le travail du sexe n’est-il plus tabou à Madagascar?

Quand j’étais enfant, de temps à autre, mes parents nous emmenaient faire un petit tour de la ville pour voir Tanà la nuit. Notre endroit favori était le quartier appelé La Haute où l’on admirait les lumières de la capitale. Sinon, je me souviens qu’on passait aussi par les quartiers où j’ai remarqué des prostituées dans leurs petites tenues sexy essayant tant bien que mal de cacher leur visage pour qu’on ne puisse pas les reconnaitre. (N’empêche que certains des clients qui se seraient rapprochés les auraient sûrement reconnus).

Depuis, les temps ont changé. Plein de choses ont si vite évolué dans la vie des Malgaches. L’arrivée des nouvelles technologies, par exemple. Maintenant presque tous les jeunes adolescents ont leur propre téléphone portable souvent de dernier cri. Bref, le travail du sexe a également évolué. Le premier changement remarqué a été, je crois, l’arrivée des hommes (travestis) dans ce métier. Les travailleurs du sexe se sont « partagés » les emplacements entre eux (enfin, je suppose) parce qu’il y a un coin spécial pour les hommes et d’autres coins pour les femmes.  Ils se départagent même entre plus cher et moins cher. Ce sont des amis « habitués » qui m’ont expliqué.

Le deuxième changement que j’ai remarqué aussi est la naissance de plusieurs agences de prostitution dans le pays. Ces agences s’enregistrent en tant que « salons de massage ». Un ami, réceptionniste dans un grand hôtel à Tana, nous a fait savoir que l’hôtel où il travaille a déjà une sorte d’annuaire pour consulter le contact,  les services et le tarif de ces différents agences. Sinon, c’est toujours l’ami qui raconte, une fois le travail effectué, les « masseuses » passent à la réception et laissent leur carte de visite personnelle pour que, les prochaines fois, l’hôtel les appelle directement sans passer par les agences. C’est sûrement de là que les annonces de ce genre de service se multiplient de jour en jour dans les journaux locaux. Les jeunes femmes se ruent vers ce service de « massage » utilisant toutes sortes d’adjectifs qualificatifs  pour charmer la clientèle mais aussi pour battre la forte concurrence. Bon, j’ai dit « femmes » mais, en feuilletant les pages des journaux pour cet article, j’ai lu aussi une annonce certainement d’un homme.

Ce n’est pas tout. Dans les sites d’offres d’emploi gratuites maintenant, genre Jobmada  sur Moov Madagascar, il y a des agences « d’escort girl  » qui recrutent. Les filles recrutées travailleront pour des clients haut-de-gamme. Et la compensation va sans dire. L’heure [une petite correction] La journée est à 200 000 Ariary. C’est une bien grosse somme pour les Malgaches  qui  sont très nombreux à ne pas gagner cette somme en un mois. En Euros, ça fait à peu près 72,45. J’ai visité un de leurs sites web; chaque « agent » a un profil qui y est publié et avec les « talents » spécifiques de chacune. Quand j’ai dit évolué, je n’arrivais pas à croire que de là à se cacher le visage, les prostituées s’affichent maintenant aux yeux de tous… enfin… des visiteurs de ces sites.

Mon mari et moi étions récemment à Tamatave, une province sur la côte est de Madagascar. On était en train d’apprécier un bon jus de coco au bord de la mer. Il devait être 19 heures. Et voilà qu’en face de nous, une  4×4 se gara et quelques hommes chinois en sont sortis. A peine ont-ils mis pieds à terre qu’une ruée de prostituées les ont envahis. Il fallait le voir pour le croire. Elles se disputaient presque. Pas de chance pour elles, ces gars là n’étaient pas intéressés.

La meilleure? L’histoire s’est toujours passée à Tamatave. Un des collègues de mon mari (j’espère qu’il ne tombera pas sur cet article 😀 ) a ramené une très jeune fille à son bungalow. A peine si elle avait 18 ans, je dirai. Une petite jeune fille, assez jolie dont vous ne vous douteriez pas du tout si vous la rencontriez dans la rue. Et comment cet homme l’a déniché figurez-vous?… Facebook… Elle a un compte sur facebook où, selon ce collègue de mon mari, elle invite des tas d’hommes, elle publie des photos qui les font craquer et bien entendu, les invitent à « goûter » à ses services (payants bien sûr). Le rendez-vous a été même fixé depuis Antananarivo.

Est-ce  le monde qui change? Est-ce l’envie de survivre qui a entraîné tout ceci? Ou est-ce que le travail du sexe n’est tout simplement plus tabou?


Circoncision à la Malagasy dans les Haut-Plateaux

Je sais, on est en plein été à Madagascar. Ce n’est pas la période de circoncision qui se fait normalement en plein hiver soit en juillet et août. Mais, aujourd’hui, je suis tombée sur ce tableau dans la salle de réception de mes beaux parents. Alors je ne peux m’empêcher de vous partager cette culture Malgache qu’est la circoncision. C’est une pratique obligatoire pour tous les jeunes garçons. Moi, en étant une femme, je n’ai pas le droit d’assister à une circoncision. On nous a appris comment ça se passait mais je n’ai jamais vu de mes propres yeux. Je ne rêve pas d’y assister non plus, à vrai dire. N’empêche que le tableau a attiré mon attention. Tiens, je vous partage la photo.

Je vais vous aider à lire la photo. Tout d’abord, vous l’avez sûrement remarqué, la circoncision ne se fait pas dans un centre médical. Traditionnellement, ça se pratique dans la maison de  l’enfant à circoncir. Bon, depuis quelques années, de nouvelles pratiques « modernes » sont arrivées chez nous comme la « circoncision à l’américaine » par exemple ou la capsule. C’est moins douloureux à ce qu’il paraît. Mais revenons à la circoncision à la Malagasy.

La circoncision se fait au crépuscule d’où le feu et les bougies. Tous les hommes, le grand-père, le papa, les oncles sont là pour préparer tout ce qui est nécessaire au rituel (cannes-à-sucre, eau sacrée « rano mahery », banane), assister l’enfant en le tenant bien fort. Un dernier homme est aussi présent; le guérisseur traditionnel ou le « rain-jaza » qui va couper avec sa lame le prépuce. Ce prépuce est avalé par le grand-père avec de la banane. Les cannes-à-sucre sont pour souhaiter au jeune garçon et à la famille d’avoir beaucoup de descendances mâles. L’eau sacrée qui a été recueillie  au pied d’une montagne par un homme fort qui ne doit pas être orphelin (de père et de mère) servira au « rain-jaza » pour nettoyer ses mains, la plaie et le couteau. L’enfant circoncis sera emmené devant le reste de la famille qui attend avec des chants, des danses et des cadeaux.

Si la circoncision est d’origine chrétienne pour certains pays, ou pour éviter les maladies de pénis dans les régions chaudes, à Madagascar, c’est surtout pour que le garçon devienne un « vrai homme ». J’ai même entendu dire qu’un homme non circoncis ne sera voulu d’aucune femme et ne pourra pas être enterré dans le tombeau familial.

Il y a différents rituels de circoncision dans les autres régions de Madagascar mais j’en parlerai peut-être une autre fois.


Ce que les étrangers aiment à Madagascar

Depuis que j’ai commencé l’aventure Mondoblog, j’ai vu pas mal de commentaires ou d’articles parlant du « Mal d’Afrique ». J’ai comme l’impression que les Africains ne rêvent que d’une chose: fuir leur pays. Je regrette un peu l’article que j’ai récemment publié: « Les sans-abris vivent dans la rue ». C’était comme une preuve de plus pour  justifier cette opinion sur l’Afrique.

Aujourd’hui, je veux tenter de montrer qu’il y a des choses super intéressantes qu’on ne trouve que « chez nous ». C’est la raison de cet article. Je ne peux malheureusement pas parler de toute l’Afrique mais, s’il y a une chose dont je suis sure, si vous prenez le temps de bien regarder autour de vous, en fin de compte, vous trouverez que votre pays n’est pas si « mauvais » que ça.

Bon voilà, j’ai alors décidé d’envoyer un message à quelques « vazaha » (étrangers) de ma connaissance pour leur demander tout simplement 3 choses qu’ils aiment à Madagascar. Voici leurs réponses:

Claire Ulrich:
« J’aime la couleur de la terre, le « Rouge Madagascar », les caméléons malgaches, petits et grands, les chapeaux ronds en paille, et puis un certain air qu’il y a là bas, qui me parle de mon enfance, de mon père qui a si longtemps travaillé discrètement dans les campagnes malgaches, et de tous ceux dont j’ai croisé le chemin, jadis, et récemment, en y revenant. »
Christi Turner :
« J’aime le café des rues, et  comment c’est merveilleux de rencontrer et de connaître les gens, d’absorber les rythmes de vie quotidienne dans n’importe quelle ville où vous vous trouvez,  de se tenir au courant des nouvelles…
J’adore les friperies! Les infinis marchés de vêtements de seconde main de Tana m’ont fait rendre compte qu’en réalité, j’aime faire du shopping, que je déteste faire en Amérique – mais quand c’est tellement amusant et fou et surprenant et bon marché et recyclé aussi!, comment  pouvez -vous ne pas vous sentir bien avec ça?
Kanefa indrindra ndreky, zaho tia mikoragna am’teny gasy e!
Je veux dire: mais j’adore surtout parler en Malagasy (et parler comme une nordiste!), ce qui me fait sentir que je fais réellement partie de la communauté à travers les échanges de langage, et les découvertes sur les Malgaches et leur culture que je n’aurai jamais cru pourvoir comprendre sans connaître le Malagasy. »
Lia Naficova:
« Le merveilleux accueil des Malgaches.
les friperies!
mofo gasy.*
ravitoto.*
l’abondance des fruits exotiques.
le coucher du soleil que ce soit sur les montagnes, sur la forêt tropicale humide, sur le paysage de Tana, ou de Morondava.
la chaleur et le mystère.
Il n’y a absolument aucun endroit comme Madagascar!

Et elle a ajouté:

« Je peux continuer la liste; ça me prendra des jours et des jours. »


Ashley Cee:
« les gens amicaux, taxibe*, mofogasy* 😉 »
Martina Lippuner :
« Je n’aime pas, j’adore:
– la variété de fruits et légumes
– la mentalité d’improvisation, de faire avec ce qu’on a et tirer le meilleur de chaque situation
– henakisoa* sy ravitoto*
– la diversité des paysages, biodiversité mais aussi les différences culturelles
– le fait que j’apprends quelque chose d’intéressant tous les jours
– bavarder avec des gens au marché
– la bonne bière 🙂
– les steaks de zébu
– le climat (même en ce moment… 😉 )

Euh, c’est plus que trois choses, désolée! Difficile de décider sur seulement 3 choses 🙂 »

Brett Bruen:

« Madagascar a un environnement unique au monde. Madagascar a de fascinants mélange de cultures,  biobiversité et ressources naturelles.

(si d’autres réponses arrivent, je me ferai un plaisir de les rajouter ici)

Vous avez peut-être lu l’article d’Enamorate, « la fièvre du shopping s’empare de Pérou »? (je vous invite à le faire si ce n’est pas le cas 😉 ). Elle parle des Péruviens qui rêvent de modernité en voulant un centre commercial et des Américains et Européens, gringos comme elle les appelle, veulent plutôt un retour à la nature en appréciant les marchés traditionnels. Bref, l’Homme n’est jamais satisfait de ce qu’il a.

Voici le statut d’une amie qu’elle a publié sur Facebook juste au moment où j’écris cet article. Alors voilà, je vous le partage pour terminer 😉

Observe bien les humains : Le marié veut divorcer, le célibataire veut se marier. Le chômeur veut travailler, le travailleur en a marre de son travail. Le pauvre veut devenir riche, le riche est prisonnier de sa richesse. Le célèbre se cache, le frustré veut être vu. Le noir veut devenir blanc, le blanc cherche à bronzer… Accepte ce que tu es et contente-toi de ce que tu as ! Copie et colle si tu es d’accord..

Pour illustrer ce que nos amis viennent de dire sur ce qu’ils aiment à Madagascar, je vous repartage la vidéo que j’ai réalisée pour One Day on Earth: Bus et marchés de Madagascar.

[youtube _6P220YNUtc]

* Mofogasy: beignet sucré typiquement malgache

* Ravitoto: feuilles de manioc pilées souvent cuites avec du * Henakisoa, de la viande de porc.

* Taxibe: des minibus servant de transport public à Madagascar


Les réseaux sociaux à Madagascar

Par où commencer?

Peut-être par Facebook?

Je me suis inscrite sur Facebook, en juillet 2007 (j’ai vérifié mdr). Une amie américaine qui est repartie dans son pays d’origine m’a invitée à rejoindre ce réseau social en disant qu’elle voulait rester en contact avec moi. Sans comprendre plus de détails sur le fonctionnement de Facebook, je me suis inscrite. En Septembre 2008 (plus d’un an après), mon entourage commence à parler de Facebook… Facebook… Facebook… Alors, je me suis dis: « Bien, tiens, je crois que je suis déjà membre ». J’ai ouvert la page de Facebook, et avec un peu de mal à me souvenir de mon mot de passe, j’ai finalement pu accéder à mon compte qui était resté depuis mon inscription sans statut, bref, sans rien. Depuis, il m’est devenu étrange de ne pas faire une petite visite à Facebook tous les jours. Mais je ne suis pas la seule. Des milliers d’autres Malgaches (pour ne pas parler du reste du monde) en deviennent tous les jours accrocs. Les opérateurs en téléphonie mobile en font même un tapage publicitaire comme si les sms et les appels ne sont plus les vrais raisons de s’acheter un téléphone mais pour pouvoir accéder à Facebook gratuitement (pour Orange) et à moindre coût pour Airtel et Telma. Telma propose même un service rendant possible d’envoyer et de recevoir les « update » par sms.

Pour la plupart de mes amis sur Facebook, ce réseau est pour rester en contact avec des proches, des familles éloignées, des amis d’enfance… Je vois aussi beaucoup de « La vie est dure », « Triste », « Fâché »… bref, des statuts qui montrent le désappointement des gens. J’avouerai que s’envoyer des messages sur Facebook pour organiser une petite virée entre potes, par exemple, coûte moins cher que des échanges de sms. Sinon, pour une autre moitié de mes amis qui sont des blogueurs, Facebook sert à partager des nouvelles, des articles intéressants sur divers sites, ou tout simplement promouvoir son propre blog.

Les réseaux sociaux où vous pouvez me retrouver:

En parlant de blog, je suis entrée dans la blogosphère en septembre 2008 avec mon blog DagoTiako (Madagascar que j’aime) en anglais. C’est à partir de ce moment là que la découverte des réseaux sociaux a commencé pour moi. J’ai créé mon blog sur WordPress, comme Mondoblog d’ailleurs. Je partage les photos sur Flickr et mes vidéos sur Youtube et depuis peu sur Vimeo. Je suis également sur Twitter et Friendfeed.

Quelques expériences personnelles:

Aussitôt que j’ai commencé les aventures du blogging, en 2009, une crise a éclaté à Madagascar avec des grèves, des émeutes, un coup d’état… Le blog a joué un très grand rôle dans la retransmission des nouvelles de Madagascar. Mon compte Twitter a beaucoup servi où je partageais des nouvelles entendues à la radio ou télé et des témoignages. Je me souviens, je n’avais pas encore un téléphone avec GPRS. Je devais envoyer des sms qui coûtaient encore assez chers parce que le numéro local (+261 33 56 404 04) de Airtel n’existait pas encore. Un tweet que j’ai envoyé a même servi de titre à un article dédié à cette crise. (Malheureusement, je ne parviens pas à retrouver le lien)

Samedi 7 Février 2009. Andry Rajoelina, l’actuel Président de La Haute Autorité de la Transition, a promis la mise en place d’un gouvernement à ses partisans. La semaine d’avant, je me suis mêlée aux journalistes pour prendre des photos et me suis brûlée le dos à cause du soleil tapant. J’ai donc décidé de ne pas aller rejoindre les grévistes à la Place du 13 Mai ce jour là. En ce temps là, pour 3000 Ar on pouvait souscrire à un service de Zain qui nous permettait de faire des appels illimités en une journée. Mon mari et moi, nous nous sommes convenus comme quoi il allait sur le terrain, m’appellerait pour que, moi dans un cybercafé, puisse retransmettre les nouvelles sur Twitter. C’était un beau travail d’équipe je crois qui a suscité l’intérêt de Wall Street Journal en écrivant un article sur cet expérience inoubliable. Malheureusement, ce jour là a été un cauchemar pour Madagascar où une trentaine de personnes ont perdu la vie lorsque la foule a tenté de prendre à l’assaut le palais présidentiel d’Ambohitsirohitra.

Quelques Malgaches sur Twitter:

Une très belle expérience aussi; les réseaux sociaux m’ont permis de rencontrer d’autres Malgaches adeptes du  (micro)blogging tels que:

Avylavitra

Barijaona

Dadandry (mon mari )

Harinjaka

Jentilisa

Manantsoa

r1lita

Saveoursmile

Tandriamirado

Thierry_ratsiz

Sans oublier Andriamihaja (sur Twitter guenole_tweet, un ami Mondoblogueur, que je me ferai un très grand plaisir de rencontrer un jour)

Il y a encore bien d’autres malgaches qui sont sur Twitter. Si ces gens là sont dans ma liste c’est aussi surtout parce que ce sont des gens bien accrocs au Web 2.0 et aux réseaux sociaux. Vous ne les verrez jamais sans leur laptop ou leur téléphones connectés à internet ou leur appareils photos.


Des sans abris vivent dans la rue

L’homme: Si tu ne me donnes pas tout de suite mon riz, tu vas dormir ailleurs…

La femme (en larmes et criant pour se défendre): Puisque je te dis que non… je n’ai pas mangé ton riz… c’est du riz que j’ai ramassé et que j’ai emmené dans un sachet… non, je n’ai pas mangé ton riz…

J’étais déjà confortablement au chaud dans mon lit. Voilà que cette conversation m’a réveillée. Il devait être 22 ou 23 heures. J’habite dans un appartement situé dans une rue principale en plein centre ville. Il y a en bas de chez moi un vieillard et une jeune dame qui installent leur maison en sachet toutes les nuits et doivent la défaire tous les matins. Je me suis finalement habituée à ce genre de dispute. C’est toujours Monsieur qui grogne. Dès fois ils se disputent parce que, soit disant, la femme couche avec un autre, ou qu’elle devrait trouver du travail… Cette nuit là, c’était à cause de la nourriture. J’ai été écœurée d’entendre cette malheureuse dispute. La femme a tenté de raisonner son homme en lui expliquant qu’elle a ramassé le riz qu’elle venait de manger dans un bac à ordures. N’est-ce pas triste d’entendre cela?


Dans la même rue un peu plus loin, il y a un pont qui sert aussi d’abri aux gens qui n’ont pas de maison. Comme notre couple ci-dessus, ils ramassent des cartons laissés par les vendeurs qui accaparent les trottoirs dans la journée. Je suppose que ces sans-abris ont déjà un endroit spécial où ils rangent leurs affaires dans la journée. Et le soir venu, ils sortent tous leurs sachets et couvertures (qu’ils ont sûrement eu grâce à des dons de charité durant les fêtes d’indépendance ou les fêtes de fin d’année). Détrompez-vous; ce ne sont pas des corps (d’hommes morts) que vous voyez ci-dessus. Ce sont des gens qui dorment. C’est triste.

Toujours, en témoignage de la pauvreté qui règne, ce que vous voyez sur la photo  (à gauche) ci-dessus sont des objets que mon mari et moi venions de jeter dans le bac à ordures. 5 minutes après nous sommes repassés par là pour prendre le bus, et voilà que nous remarquions la cuvette abîmée et les bouteilles en plastique qu’on venait tout juste de jeter. A ce moment là, j’ai regardé le bac à ordures en question et qu’ai-je vu? Des enfants  en train de l’escalader, sûrement pour essayer de récupérer quelques objets qui pourraient encore leur servir.

Les histoires que je raconte aujourd’hui sont tout simplement écœurantes. Et devant de telles scènes, j’ai une envie immense de leur apporter de l’aide mais en suis malheureusement incapable.