Lalatiana Rahariniaina

Emballer des cadeaux est un métier à Madagascar

Aujourd’hui, j’ai acheté un cadeau pour mon fils qui soufflera sa première bougie demain. Mon petit cœur de maman s’emballe déjà. Mais ce n’est pas de son anniversaire qu’on va parler ici. Je vais plutôt vous partager l’histoire de Razafindrakoto Olga [Juste pour info, le nom passe avant le prénom à Madagascar]. Ce nom ne vous dit rien? C’est normal, ce n’est pas une grande star. Ces clients adeptes ne peuvent pourtant pas se passer d’elle d’après Olga.

Olga, emballeuse de cadeaux
J’ai rencontré Olga ce matin. Après avoir acheté un jouet pour mon fils, je cherchais une personne qui pourrait emballer le cadeau. Et c’est sur Olga que je suis tombée. En effet, dans les rues d’Antananarivo, on trouve des gens qui emballent les cadeaux. La plupart du temps, c’est un petit plus à leur travail de vendeur de chaussures, de vaisselles ou autres. La différence avec Olga, c’est qu’elle ne fait qu’emballer les cadeaux.

En attendant qu’elle finisse le paquet de mon fils, j’ai un peu discuté avec elle. J’apprends alors que cette quinquagénaire est mère de 7 enfants. Son mari est décédé en 2008. Depuis, elle élève seule ses 2 dernières filles qui sont encore au lycée. Ça fait maintenant 9 ans qu’elle fait ce métier d’emballeur de cadeaux. Elle habite à Ambohimanambola, à 10 km de son lieu de travail. C’est à Analakely, plein centre-ville d’Antananarivo, où elle a trouvé un petit emplacement fixe devant un magasin . Elle s’y rend 6 jours sur 7. « Je réserve le dimanche pour l’église », dit-elle.

« Il n’y a pas de travail qui n’arrive pas à subvenir à tes besoins », dit Olga, « tu dois juste y mettre tout ton cœur, ta force et ton courage ». Elle me confie qu’elle gagne aux alentours de 10 000Ariary (1 Euro = à peu près 2 700Ariary) par jour. Les vendredis et samedis, ça peut aller jusqu’à 14 000Ariary. Pour le cadeau d’aujourd’hui, par exemple, j’ai payé 1 500 Ariary.

C’est pendant les fêtes que son affaire marche le plus (fête des mères, fête des pères, noël…). Cette année, Olga a fait 120 000Ar de recettes la semaine de la fête des mères. Elle a dit que les années précédentes, elle a gagné encore plus. C’est à ces occasions qu’elle s’offre des choses comme un poste téléviseur, par exemple.

Il y a neuf ans, elle vendait des ustensiles de cuisine à Tsaralalàna. Les autres vendeurs à côté d’elle emballaient aussi les cadeaux. C’était la fête des mères. Les clients affluaient et les emballeurs de cadeaux n’arrivaient pas à suivre. Elle a décidé de les aider. Elle a alors fait une formation vite-fait sur le tas. Depuis, elle a arrêté de vendre et se focalise sur l’emballage de cadeaux. Elle explique qu’elle n’a pas besoin de grand investissement. « En plus, j’adore ce travail », ajoute Olga.

Le problème c’est qu’elle travaille dans la rue et que le « Fivondronana » (des agents de la Commune) menace toujours de ramasser ses affaires s’il elle ne quitte pas les lieux. Elle a déjà été saisie 2 fois. Olga a alors perdu son seau avec ses papiers cadeaux, nœuds, rubans adhésifs et ciseaux. « Mais je reviens toujours ici car j’y ai déjà une clientèle d’habitués », explique-t-elle.

Quand il s’agit d’emballer les cadeaux, je suis assez maladroite. Du coup, pour avoir un joli paquet, j’ai recours au service des gens comme Olga. En tout cas, cette dame m’avait l’air très sympathique. J’y reviendrai sûrement les prochaines fois.

 

 


Photos: La parade militaire du 26 juin 2012 à Antananarivo

26 Juin 2012: célébration du 52ème anniversaire de l’indépendance de Madagascar. Tous les ans, des représentants de l’armée malgache font un défilé au Stade de Mahamasina. C’est la première fois que j’y assiste.

Un ami blogueur m’a appelé tôt ce matin pour emprunter un appareil photo parce qu’il allait au défilé. Je me suis dit, pourquoi ne pas y aller aussi.

Les feux d’artifice de la veille n’étaient pas trop fameux. Du coup, je me suis dit, j’aurai peut-être de meilleures photos du défilé aujourd’hui.

Alors voilà, ni la marche à pied (parce qu’une partie de la route a été coupée pour l’occasion) ni la foule immense à traverser n’ont pas réussi à me retenir. Cette foule immense était composée en majorité de petites familles venues ensemble voir le défilé. Quelques parents m’ont expliqué qu’ils font ça pour faire plaisir à leurs enfants. En plus, l’entrée est gratuite. Beaucoup se sont emmenés avec leur déjeuner parce qu’après le défilé, il y aura aussi des spectacles.

Je suppose que la foule venue nombreuse aujourd’hui à Mahamasina est presque tous partisans de Andry Rajoelina. A l’entrée de celui-ci, des cris de joie se sont fait entendre.

Même si au départ, ma motivation était très haute, le soleil tapant et l’odeur de la foule m’ont poussé à partir une heure après le début du show.

J’espère que vous allez apprécier les quelques photos que j’ai réussi à prendre.

Entrée de Andry Rajoelina 2L’entrée de Andry Rajoelina, Président de la Transition depuis 2009.

Passage de Andry Rajoelina 3Andry Rajoelina fait le tour du stade. A son passage, la foule le salue avec des cris de joie et des applaudissements.

Blanc, rouge, vertTous les spectateurs ont reçu chacun un petit drapeau. Le gradin était alors rempli des couleurs Blanc, Rouge, Vert.

Défilé: Forme de Madagascar 1Les premiers participants ont constitué la carte de Madagascar. (Dommage j’étais à la mauvaise place, et on ne le voit pas très bien)

Gradin 1Tout le stade était rempli. On avait vraiment du mal à se faufiler. Beaucoup ont été même obligés de rester dehors.

Défilé 11Place au défilé

Défilé 18Et voilà les premières femmes  de la parade

En dehors du défilé 5Après le défilé, les participants se sont retrouvés derrière le stade

Famille venue regarder le défiléFaute de pouvoir entrer dans le stade, cette petite famille s’est contentée de voir la sortie des troupes du défilé

Fiers du drapeau malgache 2Avant de partir, ces enfants en voyant mon appareil m’ont demandé de les prendre en photo. Ils sont si choux avec leurs petits drapeaux.

D’autres photos sont disponibles sur ma page Flickr dans l’album « Défilé du 26 Juin 2012 à Mahamasina »

Ne ratez pas aussi le défilé du 26 juin à Tuléar publié par Andriamihaja ici.


Rosebell Kagumire, une blogueuse activiste de l’Ouganda

Je suis actuellement à Cannes avec 6 autres blogueuses de l’Égypte, de Géorgie, du Liban, de Tunisie, de Togo, et de l’Ouganda. Nous sommes ici pour couvrir le 65ème Festival de Cannes avec Canal France International. Vous pouvez suivre le projet et lire les articles de toutes ces blogueuses sur CannesVuPar.com 

Grâce à ce projet, j’ai fait la connaissance d’une merveilleuse blogueuse ougandaise: Rosebell Kagumire. Elle blogue depuis 2006 et a remporté le prix Prix WAXAL des Meilleurs Blogs Africains en 2009. Elle travaille également en tant que rédactrice pour Channel 16. C’est un projet qui porte sur les actualités humanitaires et sur les conflits en Afrique de l’Est.

Rosebell a accepté de faire un petit jeu avec moi. Vous connaissez peut-être le portrait chinois?

 

Si tu étais… tu serais?

un plat: Matooke (des bananes vertes en Ouganda qu’on cuit à la vapeur et qu’on mange avec de la sauce)

un climat: le climat assez frais qu’il fait à Kampala au début des saisons pluvieuses

un mot: « Écoute » parce qu’une de mes amis proches  le dit très souvent. Parfois, je devine – avec un grand D – à l’avance qu’elle va me dire quelque chose de  très drôle mais elle devrait le dire plus vite.

une couleur: violet parce que cette couleur est bien sur moi

un animal: une vache; je n’ai pas grandi avec des animaux de compagnie. En fait, je ne me soucie pas du tout de ces animaux. Par contre je viens d’une ville où beaucoup de gens possèdent des vaches. J’adore les vaches parce qu’elles sont très utiles dans le contexte culturel mais aussi parce que, pour moi, le lait est un aliment très important.

un endroit: Bushenyi, mon village en Ouganda. Il est d’un beau vert, montagneux et avec de magnifiques couchers de soleil

un défaut: Je suis la personne la plus parfaite que tu pourras trouver sur terre 🙂 Bon, je suis une personne très impatiente. Je réfléchis assez rapidement et j’aime comprendre les choses très vite. Peu importe ce que c’est. Alors, parfois, cette impatience peut être indélicat et, au pire, irritante pour certaines personnes.

une qualité:  J’aime à penser que je suis une personne passionnée et loyale

un film: « The Gods must be crazy » (Les Dieux doivent être fous). Ce film explique beaucoup sur l’ingérence dans la vie de beaucoup de gens, plus particulièrement, les tribus indigènes. Il est parmi les tous premiers films que j’ai regardé. J’aime également les films qui parlent des problèmes réels de la vie.

une citation: J’adore la musique surtout la musique africaine. Il y a plusieurs citations que j’adore aussi mais je dirais: « The curious beauty about African music is that it uplifts even as it tells a sad story. »  (La curieuse beauté de la musique africaine est qu’elle nous soulève même lorsqu’elle une histoire triste)- Nelson Mandela.

Cette citation serait en compétition avec celle de Maya Angelou: « You may write me down in history with your bitter, twisted lies. You may trod me in the very dirt. But still, like dust, I’ll rise. » (Tu peux écrire mon histoire avec tes mensonges amères et tordues. Tu peux me piétiner dans la boue. Mais même, comme la poussière, je me lèverai)
Lorsqu’on vient d’un continent sur quoi on écrit souvent des choses négatives et que son histoire est déformée par les étrangers, une telle citation prend tout son sens. Pour moi, elle parle du pouvoir qu’on doit rehausser malgré les défis, malgré les déformations.

un héro/une héroïne: Rosa Parks m’intrigue avec sa résistance non-violente contre le racisme en Amérique

 

Pour en savoir plus sur Rosebell Kagumire, visitez profil ici [ENG]



Si seulement elles étaient allées à l’école

Vendredi 9 mars 2012, j’ai assisté à une discussion sur la femme et le développement avec Linda Morales, Conseiller Senior du projet MAHEFA (MAlagasy HEniky ny FAhasalamana – « Familles Malgaches en bonne santé »). MAHEFA est un programme  intégré de santé à base communautaire financé par l’USAID/Madagascar.

En tant que femme, j’ai été quelque peu étonnée, choquée, triste (je n’arrive pas à trouver le bon mot) lorsque j’ai entendu les chiffres avancés par Linda Morales dans sa présentation. En voici quelques exemples: 70% des personnes vivant dans la pauvreté absolue dans le monde sont des femmes; les femmes effectuent les deux-tiers des heures de travail de par le monde et ne perçoivent que 10% des revenus; seules moins de 1% des femmes possèdent des biens immobiliers (et j’en fais partie). Source: Women’s Empowerment (en anglais).

En lisant le document du lien ci-dessus, j’ai aussi appris que les femmes représentent les deux tiers des 876 millions d’adultes que l’on estime analphabètes. A ce propos, je suis un peu optimiste quant au changement en lisant le billet de Suy, un ami mondoblogueur, il n’y a pas de honte à apprendre et les femmes (de Côte d’Ivoire)  le savent. Encore faut-il que ce courage et cette soif d’apprendre s’appliquent également dans tous les autres pays. Parce qu’une année de scolarisation supplémentaire, selon UNESCO, peut changer bien des choses dans la vie d’une femme. Cela peut augmenter ses revenus de 10%, permet de réduire le taux de mortalité infantile; permet d’améliorer la santé maternelle, permet de lutter contre le VIH/SIDA et autres maladies mortelles. Source: L’Education compte.

Photo: US Embassy Antananarivo

Cette discussion sur la femme et le développement a été organisée par le Centre de Presse Malagasy pour célébrer en quelque sorte la journée de la femme (avec une journée de retard vu que le 8 mars était chômé). Quelques femmes journalistes malgaches ont été invitées à y participer. Et moi, la petite blogueuse et en représentant une page en Anglais publiée dans un journal quotidien local, étais aussi de la partie. Au milieu de la discussion, Linda Morales nous a demandé de sortir dans le jardin pour faire un petit jeu de rôles. On nous a donné à chacune un rôle à jouer: femme illettrée travaillant dans l’agriculture, femme ayant complétée les études primaires, femme ayant fait des études secondaires, femme journaliste,… Moi, je jouais le rôle d’une parlementaire. On nous a ensuite mis sur une même ligne de départ. Linda Morales énonçait quelques droits basiques de la vie quotidienne d’une femme et à chaque fois que le personnage que nous représentions pouvait le faire, on devait avancer d’un pas. On nous a, par exemple, demandé si on pouvait lire le journal. Évidemment, la femme illettrée ne peut pas le faire. Est-ce qu’on peut acheter les nourritures dont on avait besoin? Est-ce qu’on peut payer les études de nos enfants?… Au final, la parlementaire a franchi la ligne d’arrivée. Un peu derrière, il y avait la journaliste, la femme qui était au collège. Assez loin derrière, la femme illettrée. Et là, on a toutes compris que l’étude peut aider dans l’autonomisation de la femme. Moi, personnellement, mon sentiment était qu’en tant que parlementaire, je pouvais me permettre certaines bonnes choses dans ma vie et qu’une majorité du peuple était pourtant et malheureusement laissée derrière. Et presque toutes les autres filles ont dit: « si seulement, ces responsables pouvaient entendre cela et apporter les solutions appropriées. »

Les études sont donc importantes. Or, un exemple très concret qui démontre que les décideurs ne s’en préoccupent pas trop: le problème du lycée Jules Ferry. Un blogueur malgache raconte dans un billet (en malgache) que ce lycée, où sa fille étudie, n’a pas de prof d’anglais depuis le début de l’année scolaire. On est actuellement à la moitié de l’année scolaire et aucune mesure n’a été prise. A lire le billet de notre ami blogueur, on le reproche même d’insister sur son droit.

J’ai eu une petite mésaventure jeudi 8 mars, journée de la femme. Ma sœur et moi sommes allées au marché du jeudi à Mahamasina. C’est un très grand marché tous les jeudis à cet endroit. Il est célèbre pour les friperies, le koba (une sorte de beignet de bananes et d’arachides), les « vita gasy » (produits made in Madagascar) aussi, les légumes et les volailles, enfin plein d’autres trucs qui se vendent. Alors, voilà, ma sœur et moi étions à un stand vendant des fringues pour bébés.  Il y avait plein de femmes et il fallait essayer de trouver sa place, un peu comme le jour de soldes dans les pays occidentaux si je puis dire. Dans cette « bataille », j’ai réussi à m’incruster. Comme tout le monde, je regarde s’il y a des articles intéressants pour mon fils. Voilà, qu’une femme se colle à moi et en fouillant les articles, elle touche mon sac. Je bouge un peu, sans prendre la peine de regarder la dame, mais elle touche encore mon sac. Je me méfie mais elle réussit toujours à toucher mon sac. Un petit coup d’œil à mon sac, il n’est pas ouvert. Bon, c’est cool, me suis-je dit. C’est jour de marché. Tout le monde essaie de trouver sa place.

Mon sac déchiré

La dame a fini par partir. Comme il n’y avait rien qui aille avec mon bébé, ma sœur et moi sommes parties à quelques secondes près plus tard. En arrangeant mon sac sur mon épaule, je touche le fond. Et je cris: « Purée, elle a eu mon sac! Le fond a été déchiré à l’aide d’une lame. Une chance, la voleuse n’a rien eu. J’étais super énervée mais je ne savais même pas contre qui. La femme était déjà partie et d’ailleurs je ne l’aurai même pas reconnue.

J’avais eu un peu peur pendant toute cette journée. La technique qui consiste à déchirer le sac, j’en ai entendu parler maintes et maintes fois mais c’est la première fois que ça m’arrive. Je pouvais quand même blaguer encore un peu en disant: « elle ne chôme pas, elle, la journée de la femme ». Mais j’étais surtout très en colère. Le sac était un cadeau de mon oncle. Pourtant, ce soir en écrivant ce billet, je suis plutôt triste pour cette femme. Je suppose qu’elle a du mal à joindre les deux bouts et que peut-être, pour elle, piller les gens est la seule solution.

Pas plus tard qu’hier, les agents de la commune urbaine d’Antananarivo sont venus ramasser de force les marchandises étalées sur les trottoirs de Behoririka, vendre dans la rue étant illégale. Mon mari, en passant, a vu une femme se débattre ne voulant pas lâcher ses marchandises. Il paraît qu’elle s’est même blessée dans la lutte. Quelques personnes tentaient de la calmer. Mais elle disait: « Ces pauvres petites marchandises que vous voulez que j’abandonne représentent le diner de mes enfants ce soir ». Je sais  que cette dame est en infraction de la loi, mais n’est-ce pas triste de savoir que ses gosses n’allaient peut-être pas manger?

Si l’on croit les études de l’UNESCO dont on a parlé ultérieurement, il est fort probable que la pickpocket et la vendeuse ambulante n’aient pas fait de longues études. Combien d’autres femmes vivent dans la même galère tous les jours? Et là, je me dis si seulement elles étaient à l’école! Si seulement ces foutus politiciens, au lieu de se battre pour le pouvoir, se battaient pour une bonne éducation de son peuple!


Mes commentaires sur le retour « raté » de Ravalomanana #M21112

Des excitations se sont fait sentir sur les réseaux sociaux depuis mercredi (18/01/2012) pour ceux qui ont attendu le retour au pays de Dada (Papa) – l’appellation donnée au Président déchu Ravalomanana par ses partisans – après 3 ans d’exil politique en Afrique du Sud et des excitations aussi du côté des blogueurs qui veulent relater l’événement. Ces derniers, initiés par @Jentilisa, ont prévu à l’avance le hashtag qui au final est le #M21112 sur Twitter puisque le #21112, la proposition initiale, ne fonctionnait pas. Les doutes aussi sur son retour se sont posés. J’avoue que, moi personnellement, j’étais pessimiste vu que la dernière fois (le 19/02/2011), Marc Ravalomanana a été interdit d’embarquer pour destination de Madagascar. La peur des risques de son arrestation, d’affrontement, d’émeutes… ont aussi été exprimé.

Un petit  résumé pour ceux qui n’ont pas suivi l’événement. Depuis mercredi , Marc Ravalomanana a annoncé par téléphone son retour pour le samedi 21 janvier (2012) à ses partisans qui continuent à se réunir au Magro Behoririka (faute d’autres endroits). Déjà, le Général Richard Ravalomanana (un homonyme), commandant de la CIRGN (Circonscription régionale de la gendarmerie nationale) a annoncé publiquement que Marc Ravalomanana sera arrêté dès son arrivée à l’aéroport d’Ivato.

Src Photo: TopMada via FB

Depuis très tôt hier matin (21/01/2012), la foule s’est ruée vers Ivato pour accueillir Marc Ravalomanana. Les blogueurs sur place tweetent la forte présence des militaires.  @SebHervieu, un journaliste indépendant, partage une photo de Ravalomanana ayant sa carte d’embarquement. Quelque temps plus tard ce journaliste tweete que le couple Ravalomanana est installé à bord et que le décollage est pour très bientôt. Entre temps, les rumeurs commencent à Antananarivo entre l’annulation du mandat d’arrêt contre Ravalomanana annoncé par RadioPlus et le démenti de ce dire par la Radio Viva. En ville, les grands magasins (genre Suprême Center, Citic Behoririka) vident leurs vitrines et ferment leurs portes de peur que les émeutes du lundi noir (26/01/2009) ne reviennent et pour amoindrir les pertes.  Les pro-Ravalomanana qui continuent à s’agrandir s’impatientent. Malheureusement pour eux, l’avion  n’atterrira pas à Ivato mais sera forcé de faire demi-tour suite à un NOTAM qui ferme tous les aéroports à Madagascar, ordre de la PHAT (Présidence de la Haute Autorité de la Transition) dirigé par Andry Rajoelina.

Place à mes commentaires maintenant. Premièrement, qu’est-ce que la PHAT veut réellement? Arrêter Marc Ravalomanana puisqu’il est soit-disant jugé coupable et condamné à des travaux forcés à perpétuité par la justice malgache concernant la tuerie de plus d’une trentaine de personne le 07/02/2009 lorsque les partisans de Andry Rajoelina ont voulu assaillir le Palais Présidentiel d’Ambohitsorohitra et que les gardes du palais ont du ouvrir le feu? Ou bien empêché à tout prix le retour de Marc Ravalomanana? Parce que moi franchement, si je guette un voleur depuis un certains bout de temps et que ce dernier frappe à ma porte, je lui tendrai un piège et le laisserai entrer pour y tomber. Où est-ce pour prouver que le pouvoir est maintenant entre les mains de la PHAT et que plus personne n’y peut rien?

Le NOTAM a aussi fait beaucoup de tabac. Pourquoi l’avoir ordonné? Est-ce par peur? Mais surtout pourquoi avoir démenti son existence alors que les internautes ont vu le NOTAM en question publié sur le site d’ASECNA? Le Premier Ministre Omer Beriziky a affirmé sur TV Plus qu’il n’a rien à avoir dans le NOTAM. La présidence continue à nier l’existence d’un tel NOTAM. Notons que le NOTAM a été levé dès l’annonce de l’arrivée de l’avion ayant à son bord Marc Ravalomanana est de arrivé à Johannesburg. Voici une capture d’écran du NOTAM.

Je me demande aussi si toute cette histoire n’est qu’un jeu de plus de la part des politiciens pour duper les pauvres citoyens et les prendre pour des imbéciles. Jusqu’à quand tout cela va-t-il continuer? Jusqu’à quand va-t-on laisser ces politiciens nous mener en bateau et nous utiliser? Jusqu’à quand arrêterons-nous de nous laisser faire?

Je trouve également pitoyable que les forces de l’ordre puissent se mobiliser autant pour arrêter Marc Ravalomanana pour protéger les intérêts politiques de Andry Rajoelina. Mais ça n’étonne même plus que lorsqu’il y a des actes de banditismes, de meurtres dont les pauvres citoyens sont victimes, ils ne sont pas là.

Je soutiens le remarque de @m0utarde disant qu’

On n’en serait pas là si la PHAT organisait des élections avec cette même hâte de fermer tous les aérodromes du pays. Voilà. 11 hours ago via web · powered by @socialditto

Allez, les bonnes choses pour terminer: il n’y a pas eu d’embouteillage dans les centres-villes pour un samedi, c’était cool. On avait plus de twitterers pour partager en temps réel cet événement que les années précédentes. Je pense que le souhait de @thierry_ratsiz s’est exhaussé.

J’espère surtt que #M21112 va rameuter encore + de Malgaches sr twitter. Comme il y a 3 ans. On va se sentir moins seuls 13 hours ago via HootSuite · powered by @socialditto

Puis, d’un côté, j’ai trouvé le NOTAM lâche de la part du PHAT, mais d’un autre côté, pour être franche, je préfère mieux que Ravalomanana ne rentre maintenant. J’appréhende une crise encore plus lourde sinon. Ah, côté bonne chose, il y a aussi les petites blagues qui ont un peu pimenté l’évènement. Du genre:

Ra8 aurait recu un sms de tgv:  »desole NOT AMi » #m21112 11 hours ago via txt · powered by @socialditto

Sur Facebook, certains sont déçus du non retour de Marc Ravalomanana, d’autres contents ou restent indifférents. Des débats sont lancés.  On lit beaucoup de « grandes gueules » soutenant l’un ou l’autre parti. Et comme beaucoup le disent  « C’était un film prévisible. Et ça continue. On attend la suite. » Déjà, les dernières nouvelles disent:

Les autorités malgaches souhaitent envoyer un avion spécial pour ramener Ra8 à #Madagascar. #M21112 (src :https://t.co/K5dZ7NZ4). 1 hour ago via web · powered by @socialditto

NB: Ra8= diminutif de Ravalomanana; Valo=8 en malgache

 


Révolution Malgache sur Facebook

17 Janvier 2009, Andry Rajoelina, en ce temps là maire d’Antananarivo, a rebaptisé le jardin d’Ambohijatovo en Place de la Démocratie.  Des hommes politiques et de nombreux citoyens ont répondu à l’appel de Andry Rajoelina et de la Commune Urbaine d’Antananarivo pour l’occasion. Dans un billet dédié à cette inauguration, Avylavitra, un ami blogueur a écrit:

La foule a répondu ‘présente’. Et comment! il fallait vraiment une Place comme celle-ci pour pouvoir crier les injustices vécues au quotidien par le peuple, et pour se faire entendre.
Mais, cette Place de la démocratie ne sera pas longtemps utilisée comme telle. Il est désormais interdit d’y faire des manifestations politiques sauf autorisation des autorités compétentes; mais une autorisation que l’opposition n’a jamais eu jusqu’ici. Pas plus tard que mardi (17 janvier 2012), la mouvance Zafy et ses partisans ont planifié de déposer des gerbes de fleurs pour commémorer le 3ème anniversaire de la Place de la Démocratie d’Ambohijatovo mais ont été aussitôt dispersés par des gaz lacrymogènes.

D’ailleurs devant ce fait, l’Ambassade américaine à Madagascar a publié sur leur page Facebook:

Ce problème de non respect de la liberté d’expression n’est pas nouveau. Ce que je cite plus haut n’est qu’un très bel exemple pour illustrer la situation. On promet un changement et une fois au pouvoir, on refait les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. Pas de Place de la démocratie? Les gens cherchent d’autres moyens pour pouvoir s’exprimer et les blogs et les réseaux sociaux aident.

AOK’IZAY! (STOP!) est la révolution Facebook qui s’est beaucoup propagée cette semaine. C’est ce que j’ai remarqué en tout cas. Nombreux sont mes amis qui ont mis AOK’IZAY comme statut et/ou photo de profil. Mais qu’est-ce qu’il faut exactement CESSER? C’est en essayant de comprendre le but de cette révolution que j’ai trouvé l’évènement AOK’IZAY!! AOK’IZAY!! AOK’IZAY!! qui invite les citoyens malgaches à dénoncer la situation politique à Madagascar sans prendre parti.

Aok’izay ny fampihorohoroana! Aok’izay ny fanenjehana! Aok’izay ny fisamborana! Aok’izay ny fanagadrana! Aok’izay ny fanampenam-bava! AOK’IZAY!!

La révolution AOK’IZAY vise à revendiquer la cessation des terreurs, des poursuites, des emprisonnements, et à revendiquer la liberté d’expression.

Est-ce que ces gens vont se faire entendre? C’est la question que je me pose.

Ce n’est pas la première fois qu’on crie sur Facebook toutes sortes d’insatisfaction mais qui restent sans réponse. Pour ne citer que quelques exemples, il y a les pages/groupes: Les insatisfaits de MOOV-ORANGE-BLUELINE et CIE (PROVIDERS INTERNET) où on a beau crié mais rien n’a changé jusque là, JIRAMA TROP NUL – je passe les commentaires, Utilisateurs AIRTEL Madagascar (ex-Zain Madagascar) où les administrateurs ont même fini par disparaitre. Tiens en passant, j’ai fait une réclamation sur la page d’Orange Madagascar mais aucune réaction de leur part. Le plus drôle, c’est que, depuis quelques temps, ils ont même bloqué leur mur donc personne ne peut plus y écrire sans doute pour éviter de recevoir des réclamations. Mais j’ai eu le temps de faire des captures d’écran./p>

J’ai posté une réclamation le 10 novembre 2011 qui est restée sans réponse depuis. Quelques semaines plus tard, un client demande assistance pour l’utilisation d’un de leur service et Orange Madagascar répond.

Je semble pessimiste mais ce n’est pourtant pas le cas. C’est au contraire pour inciter tous les « insatisfaits », « mécontents » et « porteurs de bonnes idées de changement » à ne pas abandonner mais à crier encore plus fort.


Sahaza Marline, un malgache qui a 100 pages Facebook

J’ai fait la rencontre de Sahaza Marline, RAMAROSANDY Zosahaza Marline de son vrai nom, un jeune gars de 26 ans, le jour du TEDxAntananarivo du 14 mai 2011. Il était assis juste à côté de moi mais il n’a pas beaucoup parlé. Je l’ai ensuite rencontré un peu plus souvent lorsque des blogueurs et des travailleurs du Web se sont décidés de s’associer pour créer Malagasy iHub, un espace de Coworking à Madagascar. Mais au début, il était toujours moins bavard. Je l’ai alors trouvé un peu mystérieux. C’est lors d’un enregistrement d’émission de l’Atelier des Médias « Barcamp au Malagasy iHub » que j’ai compris pourquoi il avait cette attitude: c’est un geek qui venait à peine « d’apprendre à associer les gens réels de ceux du Web ». Au fond, c’est un gars vraiment formidable et talentueux que j’ai le plaisir de vous présenter par ce billet. Voici quelques échanges de mails qu’on a eu Sahaza et moi où il a répondu à mes quelques questions:

 

Sahaza MarlineQuelles études as-tu suivies?

Après avoir réussi mon baccalauréat série C avec mention assez bien, j’ai choisi le BTP (Bâtiment et Travaux publiques) et je me suis inscrit à l’Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo (ESPA, Vontovorona) – je suis sorti de là bas avec une mention excellente ^^

Pour ce qui est de l’informatique je n’ai jamais suivi de formation. A 15 ans, j’étais capable de réparer un ordinateur. Je suis passé par la sonorisation, le DJing, le multimédia mais là c’est le web qui a su me retenir, c’est ma passion…

Quel est ton métier?

Le BTP, je me suis spécialisé dans les structures en Béton armé (calcul & dessin sur Autocad) … et bien évidement le web.

Tu as dit lors du Barcamp avoir créé au moins 100 pages Facebook. Tu peux nous citer quelques exemples? Quels sont tes objectifs en créant ces pages? Est-ce que tu gères toutes ces pages?

J’ai rejoint Facebook en 2007, mais bien avant je concevais déjà des sites web, des applications que j’ai essayé de mettre en ligne mais j’arrivais pas à mettre des visiteurs dessus, j’étais trop technique, pas assez connu, pas assez influent. Dès que j’ai découvert Facebook, j’ai eu l’idée de fédérer des gens et de les mettre ensuite sur mes créations. J’ai commencé à créer des groupes, des pages et des applications Facebook. En 2008, j’ai créé l’application Gasy Ka Manja (Concours Miss Facebook Madagascar) qui a été utilisée par près de 12 000 personnes. En 2010, j’ai fait une petite fortune avec mon application « J’aime ça » pour les sites web que j’ai créé 2 jours après le lancement du bouton « J’aime » de Facebook – c’est le tout premier site qui permettait aux gens de publier des citations, des proverbes, des blagues courts – de cliquer sur « J’aime » et de les voir ensuite apparaitre sur le mur Facebook.Mais le plus cool c’est que derrière j’ai conçu un script qui crée une page facebook au même nom dont je suis l’admin et chaque personne qui clique sur « J’aime » devenait fan. L’application marchait très bien dans les pays francophones pendant environ 2 mois mais a ensuite été copiée, je crois qu’elle est encore accessible à l’adresse https://like.tontolo.net/

Pour les pages et les groupes j’en ai créé des tonnes, j’en administre des tonnes … et j’avoue que je n’arrive plus à les gérer. J’ajoute d’autres personnes pour les administrer. Il y a juste un truc à savoir, Facebook bloque les administrateurs des pages qui sont dans des catégories spécifiques au 15 000è membre – je ne sais pas trop s’il en est toujours ainsi actuellement.

Si maintenant on parle de Madagascar, j’ai créé une cinquantaine de pages de tous types. J’en ai perdu pas mal mais je peux citer Ny Baiboly, Le Rova Manjakamiadana, Internet Haut Débile, Groupes Gasy sur Facebook… J’administre aussi des pages de marques et d’artistes comme celles de DUW1203, Klung, Hanta.

A ton avis, c’est quoi un geek? Comment se comporte-t-il? Qu’est-ce qu’il fait? Comment ton entourage te perçoit-il?

Pour moi un geek est une personne sans vie. Généralement, c’est une personne qui ne parle pas beaucoup mais qui trouve beaucoup à dire dès qu’on parle de nouvelles technologies. Un geek est souvent amoureux aussi, mais la plupart du temps ça marche pas… un vrai geek préfère son ordinateur. lol.

Mais moi je ne me qualifie pas comme un geek même si je peux passer des jours en compagnie de mon ordinateur, je mange avec lui, je vais aux toilettes avec lui, je m’endors avec lui et je me réveille près de lui. J’essaie quand même d’avoir une vie sociale, de fréquenter des gens, de sortir de temps en temps etc… et j’avoue que je suis assez chanceux en amour

C’est quoi se « dé-geeker » pour toi?

Un jour j’ai publié ce statut sur Facebook: J’ai 4000 amis mais à midi je mange toujours seul. Je peux dire qu’avant, dans mon monde il n’y avait que moi, ma copine et mon ordinateur [là je viens de corriger, j’avais mis « mon ordinateur » avant « ma copine » lol]. J’ai réalisé que la vraie vie reste la vraie vie, que les vrais amis ont plus de valeur… Se dé-geeker pour moi c’est essayer d’être comme les autres, essayer d’avoir une vie, c’est regarder le ciel, la lune, les étoiles, c’est ré-apprécier la vraie vie. Moi je l’ai fait, et je peux vous dire que je peux survivre 3 mois dans un lieu sans réseau téléphonique, internet, électricité. Se dé-geeker c’est aussi s’arrêter pour mieux repartir.

Tu peux nous parler de tontoloko.com?

C’est un projet vieux de 5 ans. Au début, je voulais créer un comparateur de prix de tout ce qui peut se vendre ou se louer. Mais quand j’ai connu Facebook, j’ai voulu l’associer avec un réseau social. Tontoloko est un ensemble de modules associé à un réseau social, c’est une application web Facebook mais il utilise aussi des ressources (API) de Google, Yahoo, Twitter, Youtube, Amazon et Bit.ly. Je l’ai mis en ligne la date de mon anniversaire, le 03 janvier 2011, et depuis je n’ai pas arrêté de l’améliorer, maintenant je suis en train de concevoir un portail web indépendant qui va redéfinir Tontoloko comme étant un Portail et un Réseau social dédié à Madagascar.

Tu peux aussi nous parler du #fmg? de la zombie walk?

La Zombie Walk est une forme de flashmob, donc je vais juste parler de #FMG ou Flash Mob Gasy – l’idée c’était de redonner sa vraie définition au flashmob. A Madagascar on aime bien importer les tendances mais la plupart du temps on les transforme. Pour la vraie définition du Flash Mob vous pouvez consulter Wikipedia (ici), mais je retiens juste ceci: « organisé à partir de l’internet », pas autrement. Donc avec un gars qui se nomme Alain Sneil, j’ai importé le vrai Flash Mob à Madagascar. On travaille avec des communautés de danseurs comme la Motion Nation, des compagnies de danse comme M2Z, des réseaux de jeunes comme Textow et plein d’autres entités. Le mouvement est à but non lucratif; nous cherchons juste à donner du plaisir intense aux gens, créer des liens et surtout: sortir un peu du monde virtuel. #FMG a désormais intégré les activités de l’association JAD (Jeunes Actifs de Dago) dont je suis le vice-président.

Qu’est-ce que le Malagasy iHub? Quel est ton rôle la-dedans?

Le Malagasy iHub a été initié par les blogueurs qui ont couvert le TEDx Antananarivo 2011, c’est un espace de coworking destiné aux acteurs indépendants du numérique malagasy. L’association qui gère cet espace porte le même nom et son but est d’organiser des activités dans le but de faire la promotion du numérique à Madagascar. Je suis un des fondateurs et responsable logistique du Malagasy i-Hub, je donne aussi des formations en développement web.

En tant qu’espace de coworking, le Malagasy i-Hub va jouer un rôle d’incubateur de compétences. Désormais je travaillerais presque tout le temps là bas, je pourrais recevoir mes clients et faire avancer mes projets perso; mais surtout rencontrer d’autres personnes « comme moi ».

Photo lors du TEDxAntananarivo, Sahaza Marline à gauche

Comment gères-tu ton emploi du temps?
Quand je passe toute la journée chez moi mon emploi du temps ressemble un peu à ceci:
En début de matinée je recharge mes flux RSS, je lis un peu les actus. Je lies mes mails… Puis, je revois un peu tout ce que j’ai créé (sur Facebook, les sites web, comment sont-ils référencés, etc…). Je télécharge un peu…
L’après midi, jusqu’à très tard dans la nuit, je travaille en surveillent en même temps les actus, mon Facebook, mes mails, etc…

Tes passe-temps?
Eh bien je passe la plupart de mon temps sur le web – je travaille, je m’informe et je me forme :))
Par contre je ne fais jamais des jeux en ligne, avant, je dirais, mes 18ans, j’étais vraiment accro aux jeux vidéos mais plus maintenant.

Ta couleur favorite?
Euh il n’y en a pas, ou peut être bien le bleu pour mon ciel et le rose pour ma vie

Ton genre musical?
75% de musique black, 15% de soft et 10% de nouveautés. j’aime aussi les sons à la David Guetta et le Dance Hall
écouter de la musique en travaillant ça m’aide à me concentrer.

Ton plat préféré?
La bonne bouffe, je mange tous les plats mais je n’aime pas trop les crabes…

Les films que tu regardes?
« If only » de Gil Junger :’) … j’essaie aussi de suivre tous les films à grand budgets. Mais pour moi les films c’est tout au plus une fois par mois, et j’aime pas la télé

Un petit message pour les jeunes?

Mon message pour les jeunes? Ben j’en ai pas trop sinon qu’il ne faut pas oublier la réalité, il faut redescendre sur terre de temps en temps. Et puis commencez par faire des choses remarquables avant de vouloir vous faire remarquer.

 

Vous l’avez sûrement deviné, Sahaza Marline est un gars super connecté; si ce n’est pas sur ordinateur, c’est sur son téléphone portable. Vous pouvez le retrouver sur sa propre page Facebook Sahaza Marline et sur Twitter @Sahaza

 


Le 11/11/11, participez au récit de l’humanité

Appel à tous les citoyens du monde entier, vous êtes invités par 11Eleven Project à un événement de narration collaborative dans l’histoire humaine. En effet, le 11 Novembre 2011, pendant 24 heures,  toute personne ayant accès à un caméscope, un appareil photo, un téléphone portable, un magnétophone, internet sera invitée à capturer « un jour dans la vie de notre monde ».

Pourquoi le 11/11/11? Cet alignement de 1 est spécial et mérite d’être marqué. C’est dans ce contexte qu’est né le 11Eleven Project (Projet 11Onze) dont le but est d’unir les gens de toutes les nations du monde par des images, des vidéos, la musique, le son, des textes. C’est pour donner l’occasion aux gens de voir notre planète comme une entité singulière.

Je suis l’ambassadrice du 11Eleven Project pour Madagascar. Mon rôle est de faire connaître l’événement dans tout le pays et de sensibiliser le plus de monde possible à participer à l’événement 11/11/11. Moi, personnellement, j’adore cette idée de réunir toute l’humanité en 1 journée. Une des raisons pour lesquelles j’ai adhéré à cet événement, c’est parce que je pense sincèrement que c’est une occasion en or pour mon pays de montrer au monde qu’on peut parler de Madagascar au delà de la crise politico-économique, et du fameux film d’animation de Steven Spielberg, parce qu’on est aussi une belle île tropicale avec une biodiversité unique, des gens super sympathiques (oui, c’est ce qu’on dit)…

Mais vous aussi, où que vous soyez, pouvez « Rejoindre la Révolution » et vous inscrire dès aujourd’hui au https://11elevenproject.com [EN]

Ensuite, le 11/11/11, enregistrez tout ce qui vous marquera pendant cette journée. Vous avez le choix entre la photographie, les vidéos, l’enregistrement de son, le partage d’une musique que vous avez créé, le live-tweet, les billets de blogs.

Comment partager vos œuvres?

Pendant et/ou après le 11/11/11, vous pouvez télécharger vos œuvres sur le site de 11Eleven Project ici. Mais vous pouvez également les mettre directement sur vos comptes Flickr (pour les photos), YouTube et Vimeo (pour les vidéos), SoundCloud (pour le son) et vos blogs en ajoutant le tag #11ELEVENLIVE. Pour les utilisateurs de Twitter, le hashtag est le même #11ELEVENLIVE.

Pou cette même occasion, le Global Voices invite les blogueurs à aussi écrire sur le sujet : “Le monde tel que je le souhaite dans 100 ans”.

Les utilisateurs de iPhone peuvent télécharger une application gratuite qui se chargera automatiquement du partage de vos œuvres.

 

Quel est le prix à gagner? C’est une question qui m’a été posée lorsque j’ai discuté du projet avec quelques amis. Et bien, le prix est tout d’abord, selon moi, la fierté d’avoir représenté son pays. Mais vous verrez aussi vos œuvres transformées par l’équipe de 11Eleven Project  en quelques projets différents incluant une série de livres, une collection de musique mondiale et un film documentaire.

 

Moi en tout cas, je participerai au Projet. Le 11/11/11, je serai au rendez-vous. Je prévois de prendre quelques clichés de ma ville, envoyer des tweets de ce que je vivrai ce jour là et le soir venu, poster un billet ici qui résumera les aventures de la journée. Et vous?

Liens pour suivre 11Eleven Project:

Site Web: https://11elevenproject.com

Facebook: 11/11/11 (page en Anglais); Projet 11Eleven (page en Français); Tetikasa 11Eleven (page en Malgache)

Twitter: @11Elevenproject

 

 


Un étrange cercle autour du soleil

Il est 11h, très vite je prends mon appareil photo et je sors de la maison pour tenter de prendre « l’étrange soleil » en photos. En effet, ce vendredi 14 octobre entre 10h30 – 12h, le soleil tananarivien était entouré de cercle. Les gens étaient étonnés de me voir avec l’appareil photo pointé vers le ciel (ou était-ce la tunique et le mini-short? [rire]). En me voyant, les gens regardaient le ciel à leur tour et poussaient des « oooooohhh! » et des « aaaaaaaahhh ». Les gens dans les taxi-be (un minibus qui sert de transport public à Madagascar) s’étonnaient encore plus parce qu’ils n’étaient pas en mesure de voir ce qui pouvait bien nous attirer dans le ciel.

Le plus drôle – mais qui ne m’étonne plus – c’est la remarque de certains gens: « Tu vois, c’est un signe. La fin du monde approche« . Et oui, il y a des gens comme ça qui croient ou inventent n’importe quoi à chaque fois qu’il y a un phénomène qui leur paraît « bizarre ». D’ailleurs, ca me fait rappeler l’éclipse solaire de 2001 où l’Etat Malagasy a fait d’énormes efforts pour partager gratuitement des lunettes spéciales et même des gens du monde entier sont venus à Madagascar juste pour ne pas rater cet événement du siècle. Et qu’est-ce que des gens de mon quartier ont fait? Figurez-vous qu’ils se sont enfermés chez eux, couverts de couverture de la tête aux pieds parce qu’il paraît qu’un moindre rayon de soleil pourrait les rendre aveugles ou les brûler la peau.

Moi-même, j’ai trouvé le soleil d’aujourd’hui bizarre. C’est la première fois que j’ai vu un « cercle net » autour du soleil. Mais je me suis dit qu’il y a bien des explications. Alors en cherchant un peu j’ai trouvé que ce phénomène s’appelle « Halo solaire« . Cette un phénomène semblable à l’arc-en-ciel. Les halos se forment par la réflexion ou la réfraction de la lumière des cristaux de glace des nuages dans l’air. Et ce n’était pas le seul halo qui s’est déjà passé à Madagascar, l’article ici en est un exemple.

Bref, voici quelques images que j’ai réussi à prendre.

 

Juste une dernière petite chose. C’est ma sœur qui m’a téléphoné pour me dire de sortir de la maison et regarder le soleil. Elle voulait que je prenne des photos et que je les partage sur le net. Quand j’ai commencé à bloguer sur DagoTiako et quand je me suis lancée dans l’aventure Mondoblog, ma famille me trouvait dingue. Maintenant, elle me soutient à fond. Mes frère et sœur me filent parfois des tuyaux intéressants que je pourrai bien raconter sur mon blog. Et même aujourd’hui le temps de prendre et télécharger les photos, mon frère a gentiment gardé mon fils 🙂


Les tabous ou « Fady » pendant la grossesse

Dès mon jeune âge, j’ai entendu toutes sortes de croyances et de superstitions malgaches. Pourquoi j’ai du mal à y croire? Tout simplement parce que les explications qui vont avec sont la plupart du temps bizarres et voire improbables. Ne pas montrer un tombeau du doigt, il faut montrer avec un poing au risque d’avoir la lèpre. Ne pas donner de coups de pied au mur; vos grand-parents vont mourir. Ne jamais frapper quelqu’un avec un tissu; celui-ci deviendra fou… Bon, aujourd’hui, on va plutôt parler des « interdits » qui concernent les femmes enceintes. En effet, elles ont particulièrement droit à beaucoup de « fady » (tabous) pour que la grossesse se passe bien et pour s’assurer que bébé arrive « normalement » dans ce monde pour la grande joie de tous car depuis toujours, les enfants représentent une richesse pour les familles malgaches. Voici une liste non exhaustive de ces prétendus tabous:

 

Ne pas manger à même la louche sinon bébé aura une grande bouche

Ne pas porter du poisson dans un panier ou sur la tête (et ne pas en manger) sinon bébé aura des écailles sur la peau.

Ne pas porter un melon ou une citrouille sur la tête sinon bébé sera chauve.

Ne pas se toucher la figure, la peau après avoir mangé quelque chose (et en ayant les mains sales) sinon bébé aura des taches sur sa figure ou sur sa peau.

Ne pas apporter des gingembres dans sa poche sinon il poussera un sixième doigt ou orteil à bébé.

Ne pas manger de pattes d’oie ou de canard sinon les doigts des mains et/ou des pieds vont coller.

Ne pas porter une ceinture, une écharpe (un collier) sinon le cordon ombilical va s’enrouler autour du fœtus.

Faire attention avec qui l’on se fâche/se dispute sinon bébé ressemblera à cette personne.

Ne pas se moquer des personnes handicapées sinon bébé aura un handicap.

Ne pas s’asseoir dans une soubique sinon l’accouchement sera difficile.

Ne pas porter un chapeau sinon l’accouchement sera difficile.

Ne pas s’asseoir sur le seuil de la porte sinon bébé sera têtu.

Ne pas entrer dans une pièce où il y a un défunt  au risque de perdre bébé.

J’ai lu ici un article intéressant partageant quelques interdits pour éviter de perdre bébé pendant la grossesse et pour ne pas être stérile. A lire.

 

Une petite réflexion tout de même. Aux temps des Ntaolo (ancêtres) Malagasy, la science n’était pas encore leur fort. Aussi, les « interdits » ne collent pas souvent avec les explications mais des cas se sont sûrement présentés.

Dès fois aussi c’est pour tout simplement duper les gens. Par exemple: Le « Vodiakoho » ou les fesses du poulet sont réservées aux « Raiamandreny » – parents ou plus âgés. Gare aux jeunes ou enfants qui les mangent, leurs dents vont tomber et ne repousseront plus. La vérité c’est que cette partie là est la meilleure que les adultes veulent la garder pour eux.

Les gens d’autrefois ne se posaient pas trop de questions, je suppose. Ils respectaient les tabous; peut-être aussi pour respecter les parents (plus âgés) et ne pas les contredire. De nos jours, et avec la grande avancée de la science, pour des gens (entêtés) comme moi, ce ne sont que des superstitions. Tout dépend de chacun: croire ou pas; respecter ou pas.

Sinon, pourquoi j’ai du mal à croire à ces « fady » déjà? Une petite histoire (qui n’a rien à voir avec la grossesse) dont je me rappelle en écrivant cet article. J’ai tapé la tête de ma sœur avec une louche en bois. Et  j’ai attendu, attendu et attendu; il ne se passa rien. Et puis zut alors! N’était-il pas défendu de taper la tête de quelqu’un avec une louche en bois sinon celui-ci se transformerait en un singe???  Là vous êtes sûrement en train de vous marrer mais juste une toute petite chose. Attention, j’adore ma sœur hein; ça s’est passé pendant une stupide dispute d’enfance ça. Et au fait, si, il s’est passé quelque chose quand même juste après le coup. Des cris de larmes de ma sœur et une grosse punition de maman pour cette grande sœur indigne XD

 

 

 


TEDxAntananarivo 2011: Lutte contre le cancer de la femme

Samedi 14 Mai, jour J pour le TEDxAntananarivo.

TED, qui veut dire Technology, Entertainment, Design (Technologie, Divertissement, Design), est un évènement lancé en 1984 avec le leitmotiv « Ideas Worth Spreading » (Les idées valent d’être diffusées). Le x qui vient avec TED veut dire « Évènement TED organisé indépendamment ».

Nous arrivons donc au TEDxAntananarivo, évènement initié et organisé par le jeune TED Fellow Malgache Harinjaka Andriankoto RATOZAMANANA. TEDx Antananarivo était à sa troisième édition le 14 mai 2011 avec comme thème « Une autre façon de lutter contre le cancer des femmes »  notamment les cancers gynécologiques et mammaires.

C’était un grand plaisir pour moi de participer au live-tweeting de cet évènement (et celui de l’année dernière « Il est temps d’agir pour la nature »).

Le TEDxAntananarivo 2011 a été sponsorisé par la Fondation Akbaraly. Il faut dire que le nom Ylias AKBARALY est très connu dans le monde du business à Madagascar. Cinzia AKBARALY, l’épouse de Ylias, est l’initiatrice de la fondation visant à aider les femmes cancéreuse à Madagascar grâce à l’un de ses projets: 4aWoman (Pour une femme). Cinzia elle-même a été guéri du cancer.

Orange Madagascar, dans le cadre de son département RSE – Responsabilité Sociale de l’Entreprise – a été également sponsor officiel du TEDx Antananarivo 2011. Orange, opérateur mobile et fournisseur d’accès internet, a doté les blogueurs malgaches d’une salle « Blogger Alley » et d’une connexion internet qui nous a permis de relayer l’évènement au monde entier.

Dans le Blogger Alley – Photo: Tahina

Malgré le commentaire de Madagascar-Tribune sur le fait que le groupe Akbaraly est un gros fournisseur de tabac à Madagascar, activité contradictoire avec la lutte contre le cancer, j’ai apprécié beaucoup de choses au TEDx Antananarivo.

J’ai été touchée par les témoignages courageux de quelques participantes.

Un des témoignages le plus émouvant, Marie Aude RANDRIANOME a partagé son expérience et a même versé quelques larmes.

C’est dur d’apprendre que vous avez le cancer mais la joie de vivre peut être une bonne solution: Marie Aude a adopté un chien, a fait pousser des fleurs…

Marie Aude avait gardé une chanson en tête pour qu’elle reste forte dans son combat: « Za tsy kivy, toujours ambony môraly » (Je ne suis pas découragée, j’ai toujours le moral au plus haut) – Chanson de Farah John’s.

@harinjaka

C’est avec tristesse que j’ai appris la mort de Marie Aude. Elle nous a quitté le lendemain du TEDxAntananarivo. Qu’elle repose en paix.

@thierry_ratsiz

J’ai été très surprise d’apprendre que la chanteuse malgache, Tiana  RANDRIANARISOA, a été atteinte de la leucémie. C’est un cancer, explique-t-elle, mais les médecins ont essayé de trouver un autre nom pour essayer de ne pas nous faire peur. La maladie l’a obligé à arrêter pendant quelques temps son travail parce qu’un artiste est devenu un objet, dit-elle, et qu’elle ne pouvait pas monter sur scène avec son corps déformé et ses cheveux qui tombaient à cause de la chimiothérapie. La maladie l’a inspirée. Tiana a alors pu composer un nouvel album pendant son séjour de deux mois à l’hôpital. Elle nous a chanté une de ses chansons au TEDx Antananarivo: « Hirao » (Chante… Peu importe combien la vie est dure, chante la). Tiana a su surmonter sa maladie grâce au soutien de sa famille.

Le couple Pascaline et Michel DHENIN confirme ce besoin d’être entouré et soutenu par la famille quand on est atteint du cancer. Sans cela, le malade peut avoir plus de traumatisme.

@1975jmr

Après tout, le cancer n’est pas une peine de mort, comme l’a dit l’animateur de l’évènement.

@tandriamirado

L’équipe de l’hôpital  HJRA ayant une branche spécialisée dans le traitement des cancers de seins ont parlé d’une insuffisance en matériels et équipements qui en plus, tombent souvent en panne. J’espère que le projet de construction de nouvel hôpital présenté par Theodore LIOUNIS se concrétisera bientôt.

@barijaona

Heureusement qu’il y a déjà la fondation 4aWoman, le centre de cancérologie à Fianarantsoa projet du Dr Mario SIDERI et Cie. Mais il y a aussi l’IMRA (Institut Malgache de Recherches Appliquées) qui continue le travail de son fondateur Pr Albert RATSIMAMANGA et tente toujours de nouvelles expériences pour trouver de nouveaux médicaments à base de plantes. J’espère surtout que nos vaillants médecins et chercheurs trouveront un moyen de réduire les coûts du traitement du cancer.

@saveoursmile

J’ai vraiment essayé de faire court. IL y a tellement à dire. En tout cas, vous pouvez retrouver tous les tweets sur l’évènement sur #TEDxTNR

Pour terminer, on peut dire que les bloggueurs ont fait du bon boulot lors du TEDxAntananarivo. A la fin de la journée, comme récompense, on apprend que le #TEDxTNR est dans le top 5 des tags populaires de la journée.


Les forces de l’ordre ont-elles le droit de faire des massacres?

Lundi, en prenant un taxi, le chauffeur, on va le nommer Mahefa, s’est mis à parler de tout et de rien pour faire la conversation. C’est alors qu’il a entamé une histoire d’arrestation faite par la police. Mahefa a commencé par dire qu’il était d’accord que les policiers tuent directement tous les malfaiteurs. Encore faudra-t-il que ce soit le bon, a-t-il rajouté. Très intéressée par son histoire, je lui ai demandé plus de détails.

Alors voilà, Mahefa avait un ami chauffeur de taxi comme lui. Un jour, il a rencontré cet ami confortablement assis dans sa voiture de fonction en sirotant une bière en milieu de journée et en plein centre ville. « Alors, tu ne travailles pas? Ou c’est l’heure d’une pause », a-t-il demandé à son ami qui avait même enlevé sa lanterne de taxi. Ce dernier lui a rapidement expliqué qu’il était loué par trois gars (ou quatre, il n’était pas très sûr) pour la journée. Ils lui ont offert une bière le temps qu’ils aillent voir des connaissances dans les alentours.

Mahefa est reparti conduire un client. C’est le lendemain matin qu’il découvre dans les journaux que son ami a été tué par la police. En fait, les gars qui l’ont loué étaient des brigands traqués par la police. Une fois qu’ils sont tous remontés dans le taxi de l’ami de Mahefa, les policiers ont tiré sur les bandits y compris le chauffeur. Mahefa est prêt à jurer que son ami était un type vraiment bien qui n’aurait jamais pu être un criminel mais par malchance, la police a cru qu’il était de la bande. Mahefa se fout pas mal des bandits tués mais se désole pour son ami.

Ce n’est pas la première fois que la police tue directement les criminels (et même des non criminels). Tiens, par exemple, le 23 mars 2011, dans mon quartier, quelqu’un venait de faire un retrait à un guichet automatique. Des bandits l’ont attaqué, ont volé l’argent et ont pris la fuite. Très vite des policiers sont arrivés. Prise de panique, les malfrats se sont cachés dans un magasin du coin et ont gardé en otage un chinois, le proprio du magasin, et une vendeuse, les ont attaché avec une chaîne et ont tabassé le chinois. Les renforts, notamment les GIR [Groupe d’Intervention Rapide] et les FIS [Force d’Intervention Spéciale], arrivent aussitôt. Un groupe coupe la circulation et bloque les issues, un autre encercle le magasin et un dernier grimpe sur le toit du magasin. Et des bra ta ta ta ta bra ta ta ta ta se font entendre. Les policiers ont tiré sur deux des truands, un a été touché sur le ventre, l’autre sur la tête et sur le cou. Ces bandits sont morts sur le coup. Il parait qu’un troisième a réussi à s’échapper.

Brigand tué par balle sur le ventre – Photo: Avylavitra

 

Une remarque, ces deux brigands tués par la police n’avaient pas d’armes à feu sur eux. Un ami blogueur, Avylavitra a été sur place et a posté un article (en Malgache) sur cette affaire.

Ai-je tord de me poser cette question? Je croyais que les policiers doivent d’abord essayer d’arrêter les malfaiteurs. Mais si ces derniers tentent de s’échapper, les policiers pourraient par exemple tirer sur les jambes, non pas les tuer pour qu’ils puissent être jugés par la suite. Dans ce que je viens de raconter, la police a tout de suite tiré sur le ventre, la tête et le cou. Moi, je n’ai pas eu le courage de poster l’autre photo dans mon blog, mais si vous tenez à voir un crâne ouvert et un cou troué, cliquez sur ce lien. (Âme sensible, s’abstenir)

Arrêter ou tuer les malfaiteurs?

J’avais l’air débile en demandant à quelques personnes de mon entourage si les criminels doivent être directement tués au lieu d’être arrêtés, jugés et emprisonnés. En gros, la plupart est d’accord à 100% qu’on tue tous les truands sans pitié. Pourquoi? Parce qu’ils pensent que, premièrement, c’est presque habituel d’entendre que des brigands ont réussi à s’échapper de prison (« Vingt prisonniers se sont évadés à Madagascar« , « Dix-sept « criminels dangereux » échappent à la prison« , et bien d’autres encore) sinon, certains criminels paient les gardiens de prison pour que ces derniers les laissent partir. Mon beau-frère, par exemple, a raconté que ses voisins sont de vrais bandits qui volent des voitures, attaquent des foyers, etc. Mais à chaque fois, ils restent un jour ou deux en prison, et hop, ils sont relâchés. Deuxièmement, ces criminels sont habitués à faire le mal, voler, tuer…, une fois dehors, ils vont recommencer alors autant les tuer tout de suite, pensent certains. Troisièmement, quelques-uns l’ont dit: « il n’y a d’ailleurs pas assez de place pour tous les bandits dans nos prisons ». Bref, beaucoup de gens ne se soucieront pas des sorts des malfaiteurs tués par les forces de l’ordre. Je dirai que beaucoup même se réjouiraient à chaque fois que la police en tue un.

J’ai quand même fait quelques recherches pour appuyer mon point de vue et je suis tombée sur cet article « Deux malfrats abattus de sang froid » où le journaliste se pose la même question que moi:

« Les policiers ne pouvaient-ils pas leur tirer dans les jambes comme le suggèrent les règlements ? Ce afin de pouvoir présenter les criminels devant la justice ? »

Malgré que beaucoup disent qu’il faut tuer les criminels, moi, je pense qu’avant tout, il faut respecter le Droit de l’Homme. L’ambassade des Etats-Unis à Antananarivo a publié un document intéressant où elle partage:

« Des éléments de la police et de la gendarmerie ont continué à utiliser sans justification la force létale pendant des poursuites et arrestations. En septembre 2008, la police a abattu par balle un prétendu criminel, blessant en même temps un curieux pendant une poursuite dans un marché à Antananarivo. Dans un incident similaire en octobre 2008 à Ankasina, la police a blessé par balle un prétendu voleur qui a pris la fuite. En 2007, des gendarmes à Bekoby, près de Mahajanga au nord-ouest, a abattu par balle deux frères pour avoir volé la vache d’un voisin; et au cours du même mois, un gendarme a amputé la jambe d’un autre suspect avec une machette pendant une scène de poursuite et d’arrestation, et l’individu a succombé à ses blessures après avoir été auditionné et roué de coups pendant un jour. Aucune action n’a été prise contre les membres des forces de l’ordre responsables de ces décès.
Il n’y a eu aucune enquête publique sur un quelconque cas de violence par les forces de l’ordre ni sous le régime de Ravalomanana ni celui de Rajoelina, et les forces de l’ordre du gouvernement de fait ont continué à agir en toute impunité. Le 26 septembre, un soldat – qui a par la suite été associé à la Force d’Intervention Spéciale (FIS) a blessé par balle une femme à la jambe à Antananarivo. Le premier ministre de fait de l’époque, Roindefo Monja, a déclaré devant la presse que ledit soldat pourrait avoir été sous l’effet de l’alcool, et ce dernier n’a jamais été jugé ni soumis à une action disciplinaire pour cet incident. »

Justement, je n’ai jamais entendu qu’un criminel tué a été autopsié pour voir si le policier qui a tiré était en faute. Aucun gendarme  n’a été jugé ni puni à cause de leurs actes. Ce n’est pas étonnant si ces soit disant forces de l’ordre s’acharnent sur leurs « proies ».

J’ai été témoin de brutalités policières:

Vous n’allez peut-être pas le croire mais j’ai déjà passé 24 heures au violon. Non, je ne suis pas ce que vous pensez, pas du tout une criminelle. J’ai été arrêtée par la police par erreur (je vous raconterai les détails une autre fois). En bref, voici ce qui s’est passé.

Il était 6 heures du matin. Un homme est venu chez moi me demander mon nom. Sachant qu’il était de la police, je lui ai dit comment je m’appelle. Il a noté le nom sur un bout de papier. En fait, le bout de papier en question était un mandat d’arrêt. Vous vous rendez compte? Il venait juste de remplir mon nom avant de me remettre le papier.

Le monsieur m’a donc demandé de le suivre. Comme j’étais encore en pyjamas, j’ai demandé à ce que je me change. « Deux minutes, c’est tout ce que tu as. Tu crois que je viens ici pour jouer ou quoi? ». Très vite, je suis remontée réveiller mon frère pour qu’il s’habille aussi. J’ai supplié à ce que mon frère vienne avec moi. « Vous croyez toujours que c’est un jeu? », a grogné le monsieur. Pas très loin de chez moi, j’ai vu une peugeôt 504  où il y avait trois autres flics et une dame qu’ils ont arrêtée aussi (mais qu’ils ont relâchée plus tard). On était donc très serré à l’arrière. « Il n’y a pas assez de place, ton frère, il reste ». Mais mon frère a proposé que je me mette sur ses genoux dans l’auto alors il a quand même pu venir.

Je n’ai pas arrêté de demander les raisons de mon arrestation en clamant mes droits. Tout ce que j’ai eu comme réponse, c’est des insultes que je n’oserai même pas répéter et qu’ils font leur boulot.

Quelques minutes plus tard, on est arrivé à la Brigade Criminelle. Brigade criminelle! J’ai tué quelqu’un? J’ai volé? Je ne sais même pas de quoi on m’accuse. On m’a dit de retirer mes lacets et de confier mes bijoux à mon frère puisqu’il était là. Purée, j’ai compris que je n’étais pas là pour être enquêtée mais pour être enfermée. Vous ne pourriez jamais imaginer la panique que j’ai eue. Et je continue à clamer mes droits. « Quels sont les motifs de mon arrestation? J’ai droit à un coup de fil; je veux appeler un avocat [mon futur beau-père]. » Mais ils n’ont rien voulu savoir. Un homme m’a violemment tiré par le bras pour m’emmener dans une cellule.

Si mon frère ne m’a pas accompagné, personne n’aurait jamais su où j’étais ce jour là. C’est donc lui qui a appelé mon fiancé et ma sœur.

Dès que mon futur (en ce temps là, je n’étais pas encore mariée) beau-père est arrivé. Ils l’ont aussi envoyé balader. « Oh, on ne sait rien de cette affaire. Le chef n’est pas là. Pourquoi ne pas revenir plus tard? » Dès que mon avocat est reparti, le chef est sorti de sa cachette et est venu me voir: « Alors, on joue au dur? Tu vois, ici, c’est moi le chef et ton pauvre con d’avocat, il ne pourra rien pour toi ». Puis il est reparti en ricanant. Tout ce que je pouvais faire c’est pleurer, pleurer de toutes mes larmes.

Le lendemain matin, je suis relâchée comme si de rien n’était. Mais c’était la plus longue nuit horrible que j’ai passée de toute ma vie.

Il y avait dans la cellule d’à côté, celle des hommes, un criminel qu’ils venaient d’arrêter. Ils l’appelaient Rasta. Je ne sais pas de quoi cet homme était accusé mais il en a vraiment bavé; ça, je vous le dis. A chaque fois qu’un brigadier (je ne sais pas leur fonction ou grade) arrive, il y a quelqu’un qui s’empresse de l’informer que Rasta a été arrêté. « Ah, oui, il est là? Hum, je ne lui ai pas encore rendu une petite visite ». Et d’un air ravi, il va voir Rasta et le bat. Et c’est comme ça à chaque fois qu’un gendarme arrive. Soit ces salopards le frappent à coups de bâton de fer blanc, soit lui donnent des coups de poings sur la figure.

Ce Rasta, il devait vraiment être un vilain gars pour être traité comme cela. Franchement, il a reçu des baffes et des baffes. Il a fallu être là pour le croire. Rasta a même été menotté à une des barres de la cellule. A un moment, il demandait à aller au petit coin. Mais le gardien a tout simplement crié: « Tu pisses ou tu chies dans ton froc si tu veux, mais tu ne sors pas de là ».  D’ailleurs en parlant de petit coin, on n’avait droit qu’à une sortie la nuit, à 21h je crois, et une seule le matin, à 5h. Sois tu y vas, sois tu le fais dans ta cellule, au coin du mur, pour les autres heures.

Les cris de douleur de Rasta m’ont fait pleurer dans mon cachot. En entendant mes sanglots, le gardien est venu me voir. « Oh, mais qu’est-ce que tu as ma petite? Ne t’inquiète pas, ce gars là est un très méchant bandit. Tu comprends?… Oh, mais tu es toute seule dans ta cellule? Tu as peut-être froid? Attends que je te réchauffe. » Je me suis dit. Voilà, c’est la fin pour moi. On m’arrête pour je ne sais quoi et on va aussi me violer. Mais il ne m’arrivera rien parce que, soudain, on frappe à la porte, d’autres gars, des voleurs, venaient de se faire arrêtés. Alors, ils étaient tous occupés à les enfermer et à donner quelques coups de plus à Rasta.

Cette pénible expérience que j’ai vécu s’est passé en 2007. Si depuis je me suis tue, c’est par peur peut-être, peur d’être arrêtée si jamais je dis du mal des policiers ou peut-être aussi parce que je voulais essayer d’enfouir ces mauvais souvenirs dans l’oubli. A ma place, qu’auriez-vous fait?